Pol-His: des publications intéressantes sur l'histoire belge
C'est sous le titre de Pol-His, soit ‘Politique et histoire’, que se présente une série de petits ouvrages qui se proposent de rendre l'histoire belge de l'après-guerre un peu plus accessible au lecteur intéressé, belge ou étranger. Qu'il s'agisse en l'occurrence d'une initiative exclusivement francophone n'enlève rien à la valeur de la série, qui entame sa deuxième année.
L'idée de Pol-His fut lancée par une douzaine d'intellectuels francophones coopérant en dehors de toute forme d'équipe organisée: des journalistes, des chercheurs, d'anciens hommes politiques et d'autres encore. La plupart d'entre eux se sont déjà fait remarquer par des publications généralement passionnantes, de tendance progressiste prononcée, portant sur des aspects politiques et sociaux aussi bien qu'économiques et culturels de la Belgique d'après-guerre. Ainsi Jules Gérard-Libois est l'auteur de nombreuses études sur la Belgique et la deuxième guerre mondiale. François Périn, ancien professeur de l'université de Liège, a publié récemment une remarquable histoire d'‘une nation introuvable’. D'autres encore publient au Centre de recherche et d'information sociale et politique (CRISP), autre initiative exclusivement francophone, qui, malheureusement, n'a toujours pas son pendant du côté flamand et dont on ne peut plus faire abstraction si l'on veut écrire sur la Belgique. Par ailleurs, la nouvelle série rappelle la longue tradition des Cahiers du CRISP, à cette différence près que les publications Pol-His se présentent comme de véritables petits livres, qui paraissent au rythme de trois volumes par an ‘seulement’. La première année est sortie, la deuxième annoncée. Le niveau intellectuel de la première série constitue une garantie pour le succès des nouveaux titres annoncés.
La Belgique de papa, du journaliste francophone André Méan, décédé récemment, prouve qu'il y a encore en Belgique des francophones qui soient en mesure d'écrire sur des sujets intéressant également les Flamands. Méan était un journaliste et observateur des réalités flamando-wallo-bruxelloises dont l'engagement politique est manifeste, mais même le lecteur flamand le plus critique trouvera difficilement dans son récit sur la vie communautaire belge quelque passage qui doive être corrigé au crayon rouge.
Jean Heinen, ancien rédacteur en chef de La Cité, quotidien démocrate-chrétien de langue française disparu depuis, et le spécialiste de la deuxième guerre mondiale qu'est Jules Gérard-Libois ont consigné ensemble leur expérience de conseillers belges d'hommes politiques congolais lors des discussions préparatoires à l'indépendance de l'ex-colonie belge il y a trente ans.
Tout aussi personnel est le récit du syndicaliste Jacques Yerna, qui, avec l'historien wallon Jean Neuville, évoque ses souvenirs des années passées aux côtés du dirigeant syndicaliste wallon André Renard, disparu depuis longtemps déjà, lors de la lutte et des grèves contre la loi dite ‘unique’ au cours de l'hiver 1960-61. Passionnante dans ce récit est notamment la constatation que cette quasi-révolution fut le premier pas vers la scission du mouvement socialiste belge en deux partis autonomes wallon / francophone et flamand, qui ne devait cependant intervenir que dix-huit ans plus tard, pour la bonne raison que les socialistes flamands s'efforcèrent pendant tout ce temps de l'éviter par peur de se voir minorisés dans la partie flamande du pays.
Cette série de livres de poche bien soignés n'a pourtant pas comme premier objectif de publier des récits ‘personnels’. Le groupe qui a pris l'initiative de Pol-His et en poursuit l'entreprise se propose en premier lieu de solliciter l'attention pour ce qu'il appelle ‘des moments clés’ de l'histoire de la Belgique d'après-