Septentrion. Jaargang 19

La restauration de l'église Sainte-Gudule à Bruxelles

L'église principale de Bruxelles est la cathédrale Saint-Michel, mais nombre de Bruxellois continuent à l'appeler Sainte-Gudule. Ce pur produit du gothique brabançon ne cessait de se délabrer depuis des décennies. On en était au point de devoir tendre des filets pour protéger les visiteurs d'éventuelles chutes de pierres. En 1983, le ministère des Travaux Publics décida de restaurer la

Testament en néerlandais d'Everard Bruegel, chanoine régulier de Sainte-Gudule, 1528. Ce chanoine bruxellois est probablement un parent du célèbre peintre brabançon Pieter Bruegel. Dans sa succession figurent notamment des oeuvres d'Erasme (†1536). (Bruxelles, Archives générales du Royaume, Archives de Sainte-Gudule, n^o 273).

cathédrale. Pour l'heure, les travaux battent leur plein dans la nef. L'objectif est de remettre l'édifice en son état originel mais la définition de cet état a déclenché de furieuses discussions entre les divers spécialistes et commissions. La forme du triforium a constitué l'un des points controversés. Il s'agit de la galerie ouverte qui court au-dessus de la colonnade d'une église gothique. Il a été décidé de restaurer le fenestrage du triforium sous sa forme originelle attestée par une

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toile du xv^e siècle du Bruxellois Vander Stockt, actuellement suspendue aux cimaises du musée du Prado à Madrid. La restauration de l'orgue entraîne elle aussi son lot de discussions.

Pour la restauration de la cathédrale, on a conçu un ordinateur énorme et unique chargé de calculer la stabilité de l'édifice. On en est venu ainsi à décider qu'il valait mieux utiliser un béton léger pour remplacer certaines solives. On a également calculé quelles sortes de pierre seraient les mieux adaptées à la restauration de l'extérieur, en fonction et de leur facilité de mise en oeuvre et des effets de la pollution atmosphérique.

La restauration s'est doublée de fouilles archéologiques. Outre de nombreux ossements, on a exhumé des fragments de poterie qui datent d'avant notre ère et prouvent donc que cette partie de Bruxelles était déjà habitée à l'époque. On a également dégagé une partie des murs extérieurs du choeur ouest de l'église romane antérieure. On a creusé une sorte de crypte sous l'église actuelle, où l'on peut voir les restes de ce choeur ouest roman.

A l'occasion de la publication de l'inventaire des archives anciennes de cette cathédrale, on a également organisé une exposition qui propose, à côté de détails sur la restauration, une foule d'informations sur le rôle important joué par cette église dans la vie culturelle de Bruxelles. Il est frappant d'y constater que, jusqu'au xviii^e siècle, le néerlandais était langue véhiculaire aux côtés du latin. Le célèbre mystique du xiv^e siècle Jan van Ruusbroec était lié à Sainte-Gudule en qualité de prêtre; dans ses écrits, il fustigeait la vie pas toujours si édifiante de ses confrères. Sous l'occupation française, on décida de raser l'église pour y construire un cirque. Heureusement la démolition revenait trop cher et Napoléon fit restaurer l'église. Il est à espérer que les actuels travaux de restauration soient susceptibles de résister à l'oeuvre de démolition de l'homme moderne: la pollution.

Dirk van Assche

(Tr. J. Fermaut)

p. de ridder, Sainte-Gudule, histoire d'une cathédrale, Archives générales du Royaume et Archives de l'État dans les provinces, Bruxelles.