Trop longtemps le cinéma néerlandais resta un événement à usage interne, trop longtemps tout nouveau film pour salle eut des allures d'incident, trop longtemps on ignora en dehors des frontières l'existence d'une production cinématographique dans les plats pays.
Bien qu'on ne puisse toujours pas parler aux Pays-Bas d'une industrie saine - la réalisation de chaque nouveau film rencontre bien des difficultés et le film ne peut vivre sans subventions de l'État - l'entreprise cinématographique a grossi jusqu'à réunir une centaine de personnes. Chaque année on sort des dizaines de courts métrages et entre dix et vingt longs métrages.
Qualité et quantité varient d'année en année: tantôt on jubile que le film néerlandais connaît une renaissance, l'année d'après on constate qu'il est moribond.
Après un penchant pour les productions internationales fort onéreuses destinées au marché mondial, il y a actuellement une nouvelle tendance à se consacrer à de petits films artistiques à faible budget. La faille entre les deux s'élargit, le financement se complique et au sein de toutes les entreprises on attend dans l'angoisse et le tremblement l'unification européenne avec toutes ses conséquences pour le cinéma néerlandais.
Cela fait déjà dix ans qu'au cours d'une semaine de septembre on fait à Utrecht le bilan, qu'on y lance de nouvelles initiatives, qu'on y confronte des opinions contraires. L'élément le plus important c'est la présentation, dans plusieurs théâtres en même temps, à un public de plus en plus intéressé, de toute la production annuelle.
Le deuxième lustre des Journées du cinéma néerlandais a été célébré du 20 au 27 septembre 1990 par deux rétrospectives consacrées au cinéaste expérimental Frans Zwartjes et à l'actrice Willeke van Ammelrooy. Dans le cadre d'un panorama des dix années de films néerlandais, on a repassé des sommets de la production antérieure, comme Abel, d'Alex van Warmerdam, De vierde man (Le quatrième homme) de Paul Verhoeven, Charlotte de Frans Weisz et l'Oscar de Fons Rademakers, De Aanslag (L'Attentat).
Le Grand prix du cinéma néerlandais, surnommé ‘Het gouden kalf’ (le veau d'or).
Un nombre record de premières prouve que le cinéma néerlandais, bien qu'il soit toujours un bébé en couveuse, éclate de vie. Au cours des Journées du cinéma néerlandais, on a tenu sur les fonts baptismaux huit films: Kracht (Force) de la débutante Frouke Fokkema, Luba du Néerlandais d'origine argentine Alejandro Agresti (et auparavant Secret Wedding - Noces secrètes), Alissa in concert (Alissa en concert) d'Erik van Zuylen, Ava en Gabriel (Ava et Gabriel) du Néerlandais des Antilles Felix de Rooy et Rosa, Rosa de Martin Uitvlugt.
Le mouvement ‘Minimal Movie’ de Pim de la Parra (Obsessions, Wan Pipel) a été fortement représenté avec la bagatelle de trois nouvelles productions: Let the music dance (Faites danser la musique) avec dans le rôle principal le chanteur pop des années 60 Boudewijn de Groot, Openbaringen van een slapeloze (Révélations d'un insomniaque) et How to survive a broken heart (Comment un coeur brisé peut survivre).
Par les termes ‘Minimal Movie’ on désigne des longs métrages sans budget qui sont tournés en une semaine et livrés trois mois après la phase de scénario. Diffuseur et équipe collaborent gratuitement ou pour une part modique des bénéfices. Tous les collaborateurs forment à chaque nouvelle production un collectif qui répartit également les revenus. Sept productions ont ainsi vu le jour en deux ans. S'il ne tient qu'à l'initiateur De la Parra des centaines suivront encore; ce n'est pas pour rien qu'il s'affiche comme une ‘Académie du film solo’.
L'annuelle conférence Cinema militans d'Utrecht est devenue un sommet des Journées du cinéma néerlandais. Cette année, après Roland Joffe, Peter Greenaway et Dusan Makavejev, c'est le cinéaste russe Aleksej German qui l'a prononcée. Son premier film Le septième comparse a connu sa première au cours des Journées néerlandaises du cinéma.
C'est dans le glamour et les paillettes du Gala du cinéma que s'est achevé le 26 septembre 1990 le Festival du cinéma néerlandais. Le Grand prix du cinéma néerlandais, surnommé Het gouden kalf (le veau d'or), a été attribué dans les catégories ‘meilleur film, meilleur metteur en scène, meilleur acteur, meilleure actrice’ et cette année pour la première fois ‘meilleur commercial’. Le prix annuel professionnel a été attribué cette année dans la catégorie ‘musique de film’.
Avec une diffusion en direct des festivités à la télévision néerlandaise, les Pays-Bas pouvaient à nouveau caresser un tantinet l'idée que l'industrie du film est un élément non négligeable de la culture néerlandaise. Après quoi, la chasse au financement d'un nou-