Jean Fouquet, ‘Vierge à l'enfant entourée d'anges’, vers 1451-52.
provenant d'églises et de couvents pillés. L'empereur français eut manifestement l'intention de créer un musée à l'intérieur de l'Académie. Les directeurs de l'école d'art devinrent ainsi en même temps conservateurs de la collection. Pendant tout le
xixe siècle, celle-ci fut considérée à l'intérieur de l'Académie comme un musée. A tel point qu'en 1841 un bourgmestre érudit, Florent van Ertborn, légua ses objets d'art personnels à la ville d'Anvers, qui gérait l'Académie. Ce legs, constituant encore de nos jours un des noyaux les plus importants du musée actuel, était surtout composé de peintures des ‘primitifs’ flamands avec des oeuvres capitales de Van Eyck, Van der Weyden, Memling, Gérard David, mais aussi de l'unique
Vierge à l'enfant entourée d'anges du célèbre peintre français Jean Fouquet. D'autres legs vinrent compléter la collection si bien que l'on pouvait bientôt envisager l'ouverture d'un musée important qui pût mener une existence indépendante.
D'ailleurs l'espace disponible à l'Académie devenait trop restreint pour qu'y soient exposées les nombreuses oeuvres d'art acquises. Aussi, à la fin du siècle dernier, l'autorité urbaine prit-elle la décision d'organiser un concours pour la conception d'un bâtiment pouvant abriter le musée sur un terrain situé au sud de la ville. Entre le lancement du concours et l'inauguration du musée, presque un quart de siècle s'écoula. Mais en 1890 l'édifice imposant fut fin prêt. Cent ans plus tard, on remémore une histoire mouvementée dans laquelle deux guerres mondiales ne rappellent pas les souvenirs les plus agréables.
Un aréopage de conservateurs importants a permis au cours de ce siècle d'élargir la collection et d'actualiser la gestion du musée. L'on peut, sans aucun chauvinisme, affirmer très posément que le Koninklijk Museum voor Schone Kunsten d'Anvers offre un échantillonnage des meilleures oeuvres produites par l'art européen durant cinq siècles. Ce n'est pas un musée gigantesque comme le Louvre, le Prado ou le Kunsthistorisches Museum de Vienne, mais sa dimension humaine et sa grande diversité lui confèrent un charme particulier.
Ludo Bekkers
(Tr. J.-P. Roobrouck)