Monika van Paemel:
Les pères maudits
Au milieu de l'année 1990 paraissait Les pères maudits, traduction française du roman de Monika van Paemel De vermaledijde vaders. La Flamande Monika van Paemel (o 1945) compte parmi les principaux auteurs néerlandophones des dernières décennies. Son oeuvre présente un étrange mais intéressant lacis de données autobiographiques, d'impressions, de souvenirs et de fiction.
De vermaledijde vaders a remporté en 1987 le Staatsprijs voor Verhalend Proza (Prix d'État de prose narrative). Au premier abord l'oeuvre paraît essentiellement autobiographique. Toutefois Les pères maudits est également bien plus que cela. Par le truchement du personnage de Pamela, le lecteur est confronté à la cinglante mise en accusation d'une société dominée par les ‘Messieurs’. Pour Monika van Paemel, la relation entre l'homme et la femme est en effet depuis toujours inégale. L'homme ‘règne’, impulsé qu'il est par la rage de se faire valoir et la volonté de puissance. La femme est déchirée en son for intérieur entre des sentiments contradictoires de haine et d'amour, de tendresse et de ‘guerre’. Extérieurement toutefois, elle accepte servilement la condition inférieure qu'on lui impose. Ce manque de résistance comporte des conséquences d'une portée considérable. La soif masculine de pouvoir débouche sur un égocentrisme effréné et sur une violence aveugle qui culminent tristement dans la guerre.
Les pères maudits n'est pas d'une lecture facile. Le roman est d'une veine sombre et présente une structure passablement complexe.
La linéarité de la chronologie est sans cesse rompue par des flash-backs, des anticipations ou de nouveaux récits soudainement inserrés. En plus la perspective narrative est de temps à autre ajustée. Cela n'empêche pas l'ouvrage d'être soulevé par une entraînante exaltation qui parvient d'emblée à passionner le lecteur. Aussi présente-t-on souvent
Les pères maudits comme un ‘monument épique’. C'est un sommet littéraire dans la lutte que Monika van Paemel définit ainsi en introduction à la troisième partie: ‘Une révolte brûlante contre les pères et les fils. Une rébellion qui ne finira jamais’.
Hans Vanacker
(Tr. J. Fermaut)
monika van paemel, Les pères maudits (traduit du néerlandais par Marie Hooghe), Actes Sud, Arles, 1990, 443 p.
Voir aussi paul van aken, Monika van Paemel: confrontation avec une amazone, dans Septentrion, XVII, no1, 1988, pp. 76-77 et Fille de Calliope. Les romans de Monika van Paemel, dans Septentrion, XVIII, no2, 1989, pp. 3-5.