(La Ligue). L'image de la famille sur laquelle se fonde le journal, transparaît également à travers toute son oeuvre pour la jeunesse.
S'il est un mot qui caractérise les livres de Jaak Dreesen, c'est bien le mot ‘réconfortant’. L'auteur n'exclut pas les problèmes, mais ses livres ne sont jamais sans issue. La lumière apparaît toujours à la fin et laisse après lecture une impression de chaleur. Sentiments et ambiances l'emportent dans ses livres sur action ou suspense. On ne discourt pas sur les problèmes, ils sont toujours traités tels que l'enfant les vit. Jaak Dreesen parvient chaque fois à donner une réelle authenticité à cette vision de l'enfant.
Dans En boven het dorp de zilveren vogels (Et au-dessus du village les oiseaux d'argent), couronné en 1982 par le prix du livre pour enfants de la ville de Tielt et par l'éditeur Lannoo cette véracité est nourrie par d'authentiques souvenirs d'enfance vécus pendant la guerre. Il est frappant de voir que la violence de la guerre n'est que suggérée. L'impact croissant de la guerre se fait sentir par la progression de la haine et des tracasseries au sein de la communauté villageoise et au travers d'événements un peu singuliers. Mais les moments d'angoisse alternent toujours avec des expériences amusantes. C'est une sorte de technique narrative, faite de tension retenue, que Jaak Dreesen utilisera également dans ses oeuvres ultérieures. Même dans les instants les plus difficiles le héros Jan Willem trouvera soutien et refuge auprès de ses parents. La famille est pour Jaak Dreesen le point de cristallisation par excellence de sentiments comme sécurité et amour, qui sont l'affaire non seulement des parents, mais aussi des grandsparents.
Wij hebben toch zelf vleugels (Nous avons aussi des ailes), un petit livre pour lecteurs débutants, décrit le voyage de grand corbeau et de petit corbeau. Grand corbeau avec sa sollicitude et sa protection représente une
Jaak Dreesen (o 1934).
vraie figure de père. Dans
Bas in het bos (Bas dans le bois), destiné également aux très jeunes lecteurs, la sécurité et la confiance entre père et fils se mêlent à l'amour de la nature. Dans
Het jongensbed (Le lit du garçon) et
De vlieger van opa (Le cerf-volant de grand-père), c'est la relation grand-père / petits-enfants qui est primordiale. Dans la première histoire, le grand-père s'efforca pendant deux périodes de vacances d'apaiser le chagrin que cause à Lien la mort de son père.
Le cerf-volant de grand-père décrit de manière très intime l'amitié entre Frédéric et son grand-père, la maladie du grand-père et sa mort, et leur lien qui grâce au cerf-volant perdurera par-delà la mort. Dans ses histoires les plus récentes
Een muur van hitte (Un mur de chaleur) et
Sporen in de sneeuw (Des traces dans la neige), la famille est dévastée par l'alcoolisme et la séparation, et la recherche éperdue de la sécurité demeure l'idée dominante.
Jaak Dreesen est un auteur à message. Il veut consoler les enfants en situation, leur donner réconfort et espoir. Mais il ne le fait jamais avec insistance. Il suggère bien plus qu'il ne décrit, bien plus qu'il n'informe. Et c'est en cela, précisément que réside sa force. Il n'a besoin que de très peu de mots pour évoquer tout un monde. Son vocabulaire est sobre, épuré, clair et souvent subtil. En quelques mots il parvient à décrire un personnage, en critiquant parfois âprement les adultes. Pour les dialogues également, il reste économe de mots. Mais c'est précisément grâce à cela que les échanges prennent une telle force d'émotion, comme par exemple dans Un mur de chaleur. Dans ses descriptions de la nature, l'auteur est souvent plus riche en images, mais sans excès.
Le rythme dans les histoires de Jaak Dreesen est tranquille, avec des accélérations fonctionnelles dans les moments les plus dramatiques. Il alterne des événements ordinaires, quotidiens avec des moments heureux, des dialogues, des réflexions et des descriptions de la nature. Ce qu'il y a de remarquable, c'est son utilisation de plus en plus systématique du présent. Dans ses deux livres les plus récents, même les flash-backs sont écrits au présent, ce qui renforce l'aspect authentique du discours.
En outre, pour ce qui est de la composition, Jaak Dreesen semble ‘tisser’ ses histoires. Dès le début, il introduit dans chaque histoire des éléments (souvent des animaux, parfois des chansons ou des images), qui revêtent ensuite une fonction particulière dans l'ensemble.