Septentrion. Jaargang 19

Économie

Les Pays-Bas et la Banque pour l'Europe de l'Est

Fin mai 1990 fut décidée la constitution d'une Banque européene pour la reconstruction et le développement, destinée à appuyer le redressement économique des pays de l'Europe de l'Est. Cette banque, à laquelle participent tous les pays de la CEE, des États-Unis et de l'URSS, aura son siège à Londres. Jacques Attali, conseiller politique du président Mitterrand, en sera le Présidentdirecteur général.

De ce fait, les Pays-Bas ont vu échouer la candidature à cette présidence de leur ancien ministre des Finances, Onno Ruding (^o 1939). Avait échoué de même leur tentative de fixer le siège de la Banque pour l'Europe de l'Est à Amsterdam.

Depuis la fin de 1989 les Pays-Bas avaient fourni de grands efforts en faveur des deux candidatures: celle à la présidence et celle au siège. L'idée d'une Banque pour l'Europe de l'Est fut suggérée à l'origine par le banquier allemand Herrhausen (assassiné depuis) lors de la réunion du FMI (Fonds monétaire international) à Washington en septembre 1989. Herrhausen ajouta à son propos que la direction de la nouvelle banque devait être confiée à un Hollandais. ‘Les Hollandais’, dit le banquier allemand, ‘sont politiquement au-dessus de tout soupçon et disposent d'un solide esprit commercial’.

A l'origine Ruding lui-même s'était opposé à la création d'une telle banque, estimant qu'elle ne

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ferait que contrecarrer le FMI. On a depuis levé cette objection car, à l'initiative des Pays-Bas, il a été stipulé que la Banque devait agir en concertation permanente avec le FMI. Mais l'opposition initiale de Ruding a nui à la crédibilité de sa candidature ultérieure.

Mme Thatcher aurait d'abord, au début de 1990, marqué sa préférence pour Ruding, avant de changer de cap lorsqu'en échange d'un appui à Jacques Attali la France accepta de soutenir l'établissement de la Banque à Londres. Cette entente entre grandes nations a suscité l'indignation de plusieurs petits pays. En fin de compte, trente-deux pays ont voté pour Attali et huit petits pays pour Ruding. En tant que futur siège, Londres reçut l'appui de vingt-trois pays.

Pour Ruding c'était la deuxième fois que, candidat à un important poste international, il devait s'incliner devant un Français. En 1986 il était candidat au poste de Directeur général du FMI. Ce fut le Français Michel Camdessus qui l'obtint. N'oublions pas cependant que naguère un Hollandais, Johannes Witteveen, avait occupé ce poste prestigieux.

Longtemps plusieurs Hollandais ont simultanément occupé d'importants postes internationaux. Jusqu'il y a quelques années Emile van Lennep était Secrétaire général de l'OCDE (Organisation pour la coopération et le développement économique) à Paris. Joseph Luns, quant à lui, assura pendant de longues années, le Secrétariat général de l'OTAN, où l'avait précédé un autre Hollandais, M. Dirk Stikker. La présidence du BRI (Banque des règlements internationaux) à Bâle fut assurée pendant des décennies par les Hollandais Holtrop et Zijlstra. Quant à Boerma, il présida longtemps la FAO/OAA (Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture). Le pourquoi de la nomination de tous ces Hollandais à ces postes n'avait guère agité les esprits à l'époque. L'attention médiatique grandissante prêtée - surtout aux

Onno Ruding (^o1939) (Photo Hans Hordijk).

Pays-Bas - à ces nominations futures ne paraît décidément pas jouer en faveur des candidats du royaume.

Christiaan Berendsen

(Tr. Fr. de Haes)