Septentrion. Jaargang 12
(1983)– [tijdschrift] Septentrion– Auteursrechtelijk beschermd
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Les centres culturels en Flandre
Centre culturel ‘De Schakel’ (Le maillon) Waregem (Flandre occidentale).
‘Compte tenu des moyens financiers limités, l'on s'efforcera d'atteindre un équilibre entre les dépenses déjà fixées par décret ou par réglementation et d'éventuels besoins nouveaux. L'on s'efforcera de parvenir à une rationalisation et à une coordination de l'infrastructure culturelle. Pour ce qui est de projets nouveaux, la préférence sera accordée à des projets d'ampleur modeste. Nous nous proposons d'élaborer une réglementation qui permettra d'assurer l'utilisation optimale de l'infrastructure.’ Voilà ce qui figure dans la déclaration de politique générale faite par monsieur Karel Poma, ministre de la Culture de la Communauté culturelle flamandeGa naar eind(1). Ce passage figure, sous l'intitulé ‘Moyens financiers’, au premier point de la déclaration, qui comporte quatorze paragraphes. Aucun de ceux-ci n'est consacré aux centres culturels; ces institutions n'y sont mentionnées nommément en aucun endroit. Sans doute sont-elles comprises impli- | |||||||||
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citement dans le terme d'‘infrastructure culturelle’, laquelle, selon le ministre, doit être rationalisée et coordonnée et requiert une utilisation optimale. La crise économique contraint les autorités à réaliser des économies. Les moyens financiers disponibles ne permettent plus de politique de subventionnement prodigue. Toutefois, la déclaration de politique générale du ministre libéral s'inspire en apparence non seulement d'impératifs économiques, mais aussi de conceptions entraînant un certain infléchissement de la politique suivie par ses prédécesseurs démocrates-chrétiens: ‘Au cours des vingt-cinq dernières années, la politique culturelle s'est développée de manière organique, et de nouvelles orientations s'imposent dans certains secteurs.’Ga naar eind(2). Sur quels points le ministre Poma mettra-t-il l'accent? A en juger par plusieurs de ses déclarations, il considère l'initiative privée comme un pilier de l'activité culturelle et ne réserve à l'initiative publique qu'une mission complémentaire de soutien. Ce point de vue tient, en fait, à l'application du principe de la subsidiarité. Dès lors, ce serait la prise en charge financière d'activités culturelles déjà réalisées, qui primerait dans la politique de subventionnement du ministre Poma. Une autre idée fondamentale soulignée dans ses options politiques est le désir de favoriser les micro-réalisations. L'aide publique irait plutôt à des ‘projets d'ampleur limitée et de meilleur impact’ qu'à des ‘projets trop ambitieux, trop coûteux et trop prestigieux’Ga naar eind(3). S'agissant des centres culturels, la microréalisation constitue, depuis des années déjà, à la fois un souhait et un slogan. Ses défenseurs y voient volontiers le remède à la politique des ‘palais de culture’ mise sur pied dans les années soixante-dixGa naar eind(4). | |||||||||
Point de départ.Les projets issus de cette politique remontent aux années soixante, dites ‘années d'or’. Leur philosophie est toujours en vigueur. Elle a été formulée en 1966 par Renaat van Elslande, qui fut le premier ministre flamand de la Culture. Désireuses de répondre aux besoins et aux possibilités qui se manifestaient dans la société par suite de la prospérité croissante de l'allongement des loisirs et des études, les autorités publiques se proposaient d'encourager activement la diffusion de la culture, dans l'ensemble de la population; elles considéraient notamment comme l'une de leurs missions de doter la vie culturelle d'une infrastructure adéquate. Van Elslande entendait que le centre culturel, comme un espace polyvalent fût l'outil de la démocratisation culturelleGa naar eind(5). Ses successeurs, les ministres Frans van Mechelen, Jos Chabert et Rika de Backer-van Ocken, tous trois également démocrates-chrétiens, partageaient cette vue des choses. Lors d'un colloque de la section belge du Conseil des communes européennes, tenu à Bruxelles en 1968, le ministre Van Mechelen se défendit d'inaugurer ainsi l'ère d'une culture d'Etat. Les pouvoirs publics se borneraient à mettre à la disposition une infrastructure, pour laquelle la demande devait émaner des communes elles-mêmes et ce après un examen des besoins en matière sociale et culturelle. Les conseils culturels communaux, de composition pluraliste, seraient étroitement associés à cet examen préparatoire, et par la suite également à la direction du centre culturel. Ces centres culturels seraient comme des auberges culturelles, des lieux de rencontre pour tous, différents en cela des Maisons de guilde, Maisons du peuple et autres Maisons flamandes, toutes enlisées dans le système de cloisonnement idéologique et où seules des personnes du même bord étaient les bienvenues et se sentaient chez elles. | |||||||||
La charte.L'arrêté royal du 13 mai 1965 fut le premier à encourager la construction des centres culturels. Il fixait le taux ‘à 60% du montant total de la dépense à subventionner, pour les travaux de construction, d'agrandissement, de transformation et de grosse réparation’ des bibliothèques publiques, des centres culturels et des musées, tant communaux que provinciaux, ainsi que pour l'achat d'immeubles destinés à des établissements de ce genre. La province et la commune prendraient respectivement 25% et 15% à leur compte. Cet arrêté royal fut remplacé ultérieurement par l'arrêté royal du 22 | |||||||||
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février 1974 relatif à l'intervention de l'Etat en matière de subsides pour l'exécution de travaux d'infrastructure culturelle et sportiveGa naar eind(6). Les directives de 1967 à l'intention des communes désireuses de solliciter des subventions de l'Etat lors de la construction d'un centre culturel, définissaient celui-ci comme un bâtiment destiné à servir de point de rencontre permanent pour les différentes disciplines et formes d'expression de la vie culturelle. Elles établissaient également une distinction entre des centres destinés à un groupe de population restreint et ceux destinés à un groupe de population plus important. Pour ce qui touchait les centres importants, seul un nombre limité, réparti à travers la Flandre, semblait possible et souhaitable; dans les grandes villes, ils pouvaient être complétés par des centres de quartier. Pour le reste, de petits centres devaient s'éparpiller largement de tous les côtésGa naar eind(7). La charte des centres culturels en Flandre est le décret du 16 juillet 1973 relatif à l'octroi de subventions-traitements aux fonctionnaires culturels travaillant dans des maisons de la culture agréées qui favorisent la vie culturelle au sein de la communauté linguistique néerlandaiseGa naar eind(8), dont l'article 2 définit officiellement la notion de ‘centre culturel’: ‘Par centre culturel, on entend une institution pluraliste, opérant dans un bâtiment et dont les activités ont pour objet:
1. Grand foyer du Centre culturel d'Hasselt lors du marché international annuel de l'apiculture.
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l'utilisation du centre culturel pour des raisons idéologiques ou philosophiques, toujours selon ce même paragrapheGa naar eind(9). ‘Pluraliste’, ‘polyvalent’, ‘rencontre’, voilà les mots clés de ces textes: en dépendent, en effet, la réussite ou l'échec d'un centre culturel. | |||||||||
Le fonctionnement.En ce moment (été 1982), une quarantaine de centres culturels fonctionnent un peu partout en Flandre: vingt-sept sont reconnus par l'Etat, les autres ont été ‘construits, transformés ou acquis avec des subventions de l'Etat’. Ce nombre représente environ un dixième du total envisagé dans les années soixante par le professeur Van Mechelen dès avant qu'il fût ministreGa naar eind(10). La ‘répartition équilibrée et planifiée’ de l'infrastructure culturelle dans tout le pays flamand semble également un rêve avorté, bien qu'elle eût été prônée par tous les ministres flamands de la Culture qui se sont succédé, depuis Van Mechelen jusqu'à PomaGa naar eind(11). En dehors des quarante centres précités, de
2. Centre d'animation socio-culturelle ‘Sfinks’ (Le sphinx) à Boechout (Anvers).
nombreuses communes possèdent des centres de rencontre, des maisons de quartier, des maisons communautaires - ou des maisons ayant quelque autre dénomination encore - répondant plus ou moins sinon aux normes, du moins à l'idée de ‘maison de la culture’Ga naar eind(12). Conformément à l'arrêté royal du 4 juillet 1975, les centres culturels agréés, c'est-à-dire ceux qui ont droit aux subventions de l'Etat pour les traitements des fonctionnaires culturels qui y travaillent, sont répartis en quatre catégories suivant l'importance du territoire qu'ils desservent: de plus de 150.000 habitants (centre national ou régional) à moins de 10.000 (centre local ou de quartier). Des centres situés dans une commune appartenant à l'arrondissement de Bruxelles ou limitrophe de celui-ci, dans une commune de banlieue ou une commune située sur la frontière linguistique, ou dans une commune ou une région dont le développement culturel est considérablement inférieur au développement culturel moyen de la région de langue néerlandaise, peuvent être
3. Centre culturel à Dilsen (Limbourg).
4. Danses folkloriques au Centre culturel de Maasmechelen (Limbourg).
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1. Centre culturel ‘Scharpoord’ à Knokke-Heist (Flandre occidentale), école de ballet.
favorisés par un classement dans une catégorie supérieureGa naar eind(13). D'un centre culturel à l'autre, les objectifs et fonctions peuvent quelque peu différer, varier. Chaque centre doit être axé sur les besoins de la population à l'intention de laquelle il a été créé; c'est pourquoi le projet de construction doit être préparé par une vaste enquête socioculturelle. Les représentations théâtrales et cinématographiques, les concerts, les bibliothèques, les activités créatives artistiques et artisanales, les cours, la vie associative, les expositions, la restauration, voilà autant d'affectations spécifiques pour lesquelles les centres peuvent mettre des locaux appropriés à la disposition des intéressés. Dans la pratique, la plupart des centres culturels combinent la réceptivité (personnes ou groupements externes utilisant les locaux) avec des initiatives et une programmation propres. Leur objectif final demeure ‘de fonctionner d'autant mieux comme équipement de base pluraliste pour l'ensemble de la population, comme plaque tournante dans l'éducation des adultes, comme noyau dans une
2. Le Centre culturel de Schoten (Anvers), lors du festival international annuel de la danse folklorique.
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politique des loisirs localement intégrée, comme levier d'une conception émancipatrice de l'homme et de la société’Ga naar eind(14). Les idées-forces qui président à la création de centres culturels en Flandre depuis les années 1960 sont: la décentralisation et diffusion de la culture, l'éducation permanente, le développement communautaire, le pluralisme, la polyvalence, la complémentarité... Que d'idées ambitieuses et d'intentions prometteuses! Cependant, la réalité, quelquefois, s'avère légèrement différente et prête à critique. Selon les contestataires, la démocratisation de la culture se solde par une politique de prestige particulièrement onéreuse et par la bureaucratisation de la vie villageoiseGa naar eind(15). Ces critiques ne manquent pas de fondement, mais elles omettent souvent de souligner les aspects positifs, qui sont incontestables et bien réels, de la politique suivie jusqu'à présent. JEF DE ROECK Rédacteur culturel du journal flamand ‘De Standaard’. Adresse: Tervuursevest 123/20, B-3030 Heverlee. Traduit du néerlandais par Willy Devos.
3. Centre culturel de Neeroeteren (Limbourg), entrée.
4. Centre culturel ‘De Schakel’ (Le maillon) à Waregem, salle de spectacles.
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