Deuxièmement: La langue de chaque peuple est sainte et c'est un héritage naturel. Chaque peuple a le droit et le devoir de maintenir sa langue. La disparition de la plus petite langue signifie une perte certaine pour l'ensemble de la civilisation.
Troisièmement: En Europe il y a les grandes langues (comme par exemple le français), les langues de moyenne grandeur (comme par exemple le néerlandais), et les petites langues (comme par exemple le basque). Les premières doivent manifester aux secondes respect et considération.
Jean Mayer traite le problème linguistique en Belgique comme si embrouillé et si confus qu'il lui parait impossible de tracer une ligne de démarcation. C'est pourquoi je veux opposer aux interprétations gravement erronées et aux propositions contenues dans son article, l'objectivité nécessaire. L'objectivité de quelqu'un qui, familiarisé avec la langue française, a du respect et de l'amour pour sa propre langue, le néerlandais; mais qui n'est pas un fanatique dangereux.
Je réponds systématiquement:
1. La suppression du recensement régulier des langues en Belgique est dénoncé par Mayer comme une mesure malheureuse. Il oublie complètement que les recensements, surtout celui de 1947, manquaient de base scientifique et étaient appliqués d'une façon scandaleuse. La pression économique et sociale des francophones s'exerçait d'une façon très forte surtout sur les travailleurs et la petite bourgoisie: l'on peut dire que le recensement était réellement dictatorial. De nombreux exemples pourraient être cités qui feraient frisonner tout homme de bon sens, quelque soit la langue qu'il parle.
2. L'écrivain passe sous silence l'oppression sociale du dix-neuvième siècle, alors que le travailleur avait seulement le droit de travailler mais aucun droit de parler et en Flandre aucun droit de parler sa propre langue maternelle. Les Flamands pouvaient-ils ne pas faire de la langue des travailleurs la langue de l'autorité? Il n'est certainement pas inconnu que la situation sociale et économique en Flandre a été exclusivement et pendant longtemps dominé par les francophones; de telle sorte que personne ne pouvait s'élever au dessus du commun des mortels en Flandre sans savoir le français. Il en est résulté un climat que je qualifierai d'a-social. La liberté de la langue est imprescriptible. Cela ne signifie certainement pas que quiconque est à la tête d'une affaire ne doit pas connaître la langue des travailleurs. Ceux-ci ont aussi le droit au respect de leur langue dans leur milieu de travail. C'est pourquoi, ils ont droit à la néerlandisation de leur vie quotidienne. Aussi et surtout ils ont droit à plus d'équité sociale.
3. L'unité de langue en Flandres n'est hélas pas assurée par la loi linguistique de 1932. Dans beaucoup de villes flamandes il exciste encore maintenant des écoles