Internationale Revue i 10 1927-1929
(1978)– [tijdschrift] Internationale Revue i 10– Auteursrechtelijk beschermd
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Henri Lasserre
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Hommes | |
Agriculteurs | 21 |
Jardiniers | 5 |
Charpentiers, etc. | 8 |
Bûcherons | 4 |
Mécaniciens, etc. | 11 |
Ebénistes | 2 |
Bourrelier | 1 |
Mineur | 1 |
Simples manoeuvres | 11 |
Commerçants, employés, etc. | 7 |
Publicistes | 6 |
Architecte-paysagiste | 1 |
Médecin | 1 |
Maîtres d'écoles | 3 |
Métiers divers | 4 |
_____ | |
86 | |
Femmes | |
Ménagères | 16 |
Agricultrices expérimentées | 2 |
Cuisinières expérimentées | 2 |
Blanchisseuse experimentée | 1 |
Couturière | 1 |
Gardes-malades | 3 |
Maîtresses d'écoles | 7 |
Bibliothécaire | 1 |
Sans occupation spéciale | 4 |
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37 |
L'on remarquera la forte proportion de cultivateurs de la terre qui se sont joints à la co-
lonie. Malgré la réputation qui leur a été faite, ceux-ci ne sont point incapables de s'adapter à une forme d'association pour le travail. Parmi les 25 colons qui ont persévéré depuis la première tentative en Californie, 8 sont des agriculteurs.
Ajoutons qu'un grand nombre de colons sont occupés dans les rouages des entreprises sociales à d'autres branches que celle à laquelle les avait préparés leur métier antérieur, et ce changement s'opère très généralement avec l'assentiment complet du colon intéressé, voire même souvent sur sa demande.
4. Description générale de la colonie.
Et maintenant, faisons une rapide promenade à travers le domaine de la colonie. Ce sera pour nous l'occasion de passer en revue ses diverses industries, ainsi que les autres activités auxquelles est occupée la petite ruche humaine de Newllano. Nous nous reportons naturellement de nouveau au printemps dernier, époque de notre visite: le tableau change de saison en saison, il se modifie constamment aussi d'après les travaux qui sont entrepris et les étapes nouvelles qui sont accomplies, dans l'aménagement des industries.
Bureaux. Voici d'abord les bureaux. Ils se trouvent tout près de la halte du chemin de fer, du côté est de la voie ferrée et de la grande route. Ils occupent un joli bâtiment en bois, composé d'un rez-de-chaussée seulement comme presque toutes les maisons de Newllano, avec une galerie couverte tout autour, selon l'usage du pays. C'est là que nous trouvons George Pickett, le general manager. Son cabinet est constamment assailli de membres de la colonie, de clients, de visiteurs. Il accueille chacun avec une bonhomie et une cordialité tout américaines. On se demande comment cet homme arrive à mettre dans ses journées tout ce qu'il y accumule; y compris la rédaction d'un article quotidien, sorte de journal de la colonie qui est publié une fois par semaine dans le ‘Llano Colonist’.
Dans les salles voisines, les machines à écrire font leur tic-tac; et le trésorier-comptable ainsi que son employée sont à leurs écritures.
Le reste de la maison est occupé par le bureau de la poste, qui est aussi le bureau de la station de chemin de fer. Tout le travail est assuré par le buraliste et son auxiliaire, tous deux des colons naturellement.
Bâtiments industriels. Le terrain avoisinant est réservé aux industries. Compris entre une route et la voie ferrée d'un côté, un ravin de l'autre, il est bien approprié à cet usage. Déjà une fabrique de glace artificielle est en pleine activité. Ses machines et son installation sont tout à fait modernes. Cinq hommes en assurent le fonctionnement continuel. La glace s'écoule jour après jour dans la ville voisine, et de vastes réfrigérateurs permettent non seulement de conserver les produits du domaine, mais d'assurer une source notable de revenus, les voisins venant y louer des emplacements pour y entreposer leurs marchandises.
Derrière cet important édifice, s'en élèvent actuellement d'autres, destinés à l'usine électrique et à la scierie: ceux-ci occupent encore pour le moment les vieux hangars, forts délabrés, de l'ancienne entreprise d'exploitation forestière.
Et sur le même terrain il reste encore bien de la place, pour les diverses industries qui se développeront, espère-t-on, au fur et à mesure que les ouvriers de la partie viendront. Quelques-unes sont déjà en germe à la colonie, ou y ont été exercées précédemment lorsque la population se trouvait plus nombreuse: la fabrication du meuble, celle des chars et camions, celle des conserves alimentaires.
Pour le moment c'est une équipe de maçons qui est occupée là aux premières assises de la future usine électrique. Parmi ceux-ci, plusieurs jeunes, car ici, comme dans une grande famille, les enfants s'associent au travail des adultes, entre les heures des classes. Nous en avons retrouvé à l'imprimerie, à la buanderie, au réfectoire, dans les jardins. Ils aideraient aussi à la fabrication des briques, mais hélas cette industrie, qui pourrait être florissante si la main d'oeuvre y était et qui trouverait un écoulement illimité, ne peut fonctionner
que par courtes intermittences, faute de bras, et ne suffit même pas aux besoins de la colonie elle-même.
L'emplacement du futur parc. - Nous traversons maintenant la ligne du chemin de fer et la route nationale. Devant nous s'élève une pente douce, occupée en partie par les vieilles constructions de l'ancienne entreprise forestière, et couronnée par le quartier réservé aux maisons d'habitation. A vrai dire, cette pente est fort laide pour le moment, avec ses nombreux édicules mal entretenus, des bâtiments à moitié démolis, des espaces de terrain vague encombrés de débris de démolition. Mais il ne doit plus en être ainsi pour longtemps: l'on projette la création d'un vaste parc qui occupera toute la pente; une large avenue circulaire l'entourera, mettant le quartier des habitations et le domaine agricole, au delà, en communication avec la route nationale et le futur district industriel, et desservant aussi les bâtiments situés au nord et au sud du parc. L'architecte-paysagiste est déjà à l'oeuvre, avec une équipe de terrassiers.
La vieille scierie que nous visitons en passant est en pleine activité: une douzaine d'hommes y travaillent. Il s'agit de satisfaire de grosses commandes de tavillons et de matériel d'emballage, qui seront à expédier au loin.
Magasins, ateliers et petites industries. - Reprenons maintenant le groupe de bâtiments que nous avons laissés au sud du terrain réservé pour le parc.
Voici d'abord le magasin, au bord de la grande route. C'est là que les colons s'adressent pour recevoir gratuitement les vêtements, les souliers, les ustensiles, dont ils ont strictement besoin. C'est là aussi que se fournissent contre numéraire les colons dont les ressources personnelles permettent quelques achats supplémentaires, ainsi que les autres habitants de la localité.
Puis viennent l'échope du cordonnier, l'atelier du forgeron, et celui du mécanicien chargé de la réparation des machines et des outils. L'on parle de mieux loger tous ces ateliers, d'en ajouter d'autres, de créer un garage d'automobiles, une boucherie, un restaurant-crêmerie, que sais-je encore, et de mettre à profit pour tout cela ce qui reste, - hélas bien peu de chose, - du vaste bâtiment qui avait été la proie des flammes l'année dernière. ainsi que des terrains avoisinants.
Ce sont là de grands projets, il faudra sans doute du temps pour les réaliser. Il faudra surtout les hommes. Mais les divers ateliers que nous avons énumérés, et ceux que nous avons vus ailleurs, celui des ébénistes, celui du peintre-décorateur, celui du fabricant de balais, possèdent déjà leur outillage, et, même tels qu'ils sont installés, ils pourraient donner des résultats incomparablement meilleurs si les ouvriers du métier y étaient plus nombreux.
Buanderie, imprimerie, etc. - Passons au côté nord du futur parc. Ici, nous trouvons la buanderie, avec les ateliers de couture. Une bande de femmes et de jeunes filles y sont fort actives. Tout près, dans un bâtiment neuf, voici l'imprimerie, les bureaux de la rédaction et de l'administration du journal de la colonie, et un atelier de reliure. L'outillage de l'imprimerie est tout à fait moderne. En plus de la littérature de la colonie, elle imprime un des deux journaux de Leesville, la petite ville voisine, et elle commence à se faire une petite clientèle en dehors. C'est un local très affairé. Six à huit colons sont à l'ouvrage.
Enfin, pour ne parler que des principaux édifices, mentionnons une vaste construction, nouvelle aussi, qui abrite des entrepôts, des ateliers, un petit théâtre. Tout le haut est occupé par une immense salle de danse et de récréations. C'est là que la jeunesse de la communauté s'ébat deux soirs par semaine; et de nombreux jeunes gens et jeunes filles du voisinage se joignent à elle. Le caractère parfaitement correct et sain de ces sauteries nous a frappé.
Quartier de résidence. - Nous arrivons au sommet du coteau. C'est le centre de la vie sociale des colons. Un petit hôtel, ancienne construction en bois, occupe la position prépondérante. Son installation est plus que rudimentaire. Au rez-de-chaussée, un vaste réfectoire abrite chaque jour, pour les trois repas, une centaine de colons; les autres mangent
chez eux, en famille: chacun a la faculté d'emporter de la cuisine de l'hôtel les aliments tout prêts pour les consommer à la maison, ou encore de faire sa cuisine individuelle, avec les denrées fournies gratuitement par le magasin.
A côté de l'hôtel, une bibliothèque de 4.000 volumes, avec salle de lecture; en face, deux ou trois maisonnettes servant de salles d'école. L'une d'elles abrite en outre, le dimanche, divers services successifs: celui des baptistes, celui des méthodistes, la réunion des théosophes, enfin une causerie sans aucune couleur confessionnelle. En tant qu'institution, la colonie déclare la religion affaire privée; elle laisse chacun libre d'exercer son culte.
Nous nous engageons maintenant dans le district des habitations. Une centaine de maisonnettes, entourées de jardins, sont alignées le long de plusieurs avenues ombragées. Dans les jardins, des légumes et des fleurs, souvent un poulailler. Par endroits, le parfum du chévre-feuille emplit l'atmosphère. Des oiseaux écarlates chantent tout le jour dans les arbres. Les habitations se composent en général de trois ou quatre pièces et d'une vérandah. J'en ai vu de fort bien installées, et en y mettant du sien chaque colon peut rendre son intérieur très suffisamment confortable. Mais il y aura beaucoup à faire pour que, dans son ensemble, tout ce quartier prenne l'apparence soignée qu'on lui voudrait.
Le domaine agricole. - Traversons un petit bois, reste de l'ancienne forêt, et nous voici dans les terrains consacrés à l'agriculture. Beaucoup de travail a été accompli dans ce domaine, et beaucoup s'en accomplit journellement. Il s'est agi d'abord de brûler les vieilles souches laissées par l'exploitation forestière. Plusieurs centaines d'acres ont pu être ainsi préparés pour la culture. Déjà de vastes étendues sont plantées en vergers (de pruniers surtout), en vignes, en pépinières. La colonie élève une cinquantaine de têtes de gros bétail, et presque autant de mulets et de chevaux. Elle exploite même, à quelque soixante-dix milles de Newllano, une vaste risière qui, non seulement lui procure un des éléments les plus importants de sa nourriture mais permet une vente fort apréciable de riz au dehors. L'arachide aussi donne d'excellents résultats: pour la consommation de la colonie aussi bien que pour la vente, elle est utilisée sous la forme de beurre, que l'on fabrique naturellement sur place.
Mais nous ne pouvons entrer davantage dans le détail des cultures, - les limites de cet article ne nous le permettraient pas. Disons seulement que la colonie paraît sur le point d'arriver à produire amplement sa nourriture, à l'exception des denrées qui ne croissent pas sur son sol, et qu'avec un plus grand nombre d'agriculteurs dans ses rangs elle pourrait sûrement développer beaucoup certaines de ses cultures, et en tirer une source importantes de revenus.
Ici comme dans plusieurs autres branches de l'entreprise, - et c'est par cette remarque que nous terminons, - davantage de bras permettraient un progrès plus rapide. C'est dommage que jusqu'a présent le recrutement n'ait pas réussi à fixer un nombre de membres stables suffisant pour pourvoir à un fonctionnement normal des diverses activités sociales. C'est dommage pour l'institution, c'est dommage aussi à cause du petit nombre de ceux qui bénéficient du genre de vie qui s'y pratique. Mais malgré l'insuffisance de son personnel l'institution semble viable. Elle réalise à petits pas son programme d'installation et de construction. Et quand elle sera plus avancée, l'on pourra s'occuper de combler certaines lacunes dans les conditions de vie matérielle et sociale des colons, lacunes inévitables d'ailleurs et tout à fait naturelles tant qu'on est dans cette période préliminaire, tant qu'on fait du travail de pionnier.
- voetnoot1)
- Le ‘Llano Colonist’ a annoncé de nombreuses arrivées de nouveaux membres au cours de ces derniers mois cependant, comme il ne mentionne pas les départs, il n'est pas possible de savoir au juste l'état numérique de la communauté.