De Gulden Passer. Jaargang 46
(1968)– [tijdschrift] Gulden Passer, De– Auteursrechtelijk beschermd
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en prenant pour témoin sous le sceau du serment le Jupiter des amis et la Fidélité. Ce sera facile, cher Ortelius, car qu'est-ce qui pourrait être pour moi plus doux que ton amour, moi pour qui la vie est d'être aimé des gens de bien et de les aimer? Qu'un autre aspire aux honneurs triplesGa naar voetnoot1; qu'un autre s'endorme sur son tas d'or. Mais, pour moi, ce sera facile de mépriser les jeux cruels de la fortune et la funeste étoile de Saturne, sort douloureux pour moi; à l'abri de l'envie, dans une vie simple, puissé-je passer le cours d'une existence paisible, entouré d'amis au coeur tendre, tel que mon cher MyliusGa naar voetnoot2, plus pur que la fleur du troène, tel que mon cher PulmannGa naar voetnoot3, riche de tout sauf d'argent. Avec eux pour compagnons, où que tu m'appelles, je te suivrai au delà du pays des Sarmates et de l'Océan Glacial. Et la source du septuple Nil, les Garamantes nus, les Indiens, ne te verront pas sans moi. | |
f. 59Et ce sera bien, car quelle est la région la plus inconnue du monde, Ortelius, qui ignore ton nom, qui refuse de te voir, de t'attirer à elle, de te saluer, heureuse, comme un de ses citoyens? Car s'il y a eu autrefois, dans les ténèbres éternelles, en deçà du cours de Phoebus et de la Lune, des royaumes maudits, éclairés par ton rayon, ils ont enfin reçu la lumière du jour. La terre, à nos antipodes, liée à des étoiles inconnues et qui s'échauffait sous les rayons d'un soleil tout différent, est maintenant plus proche de nous et regarde déjà le ciel. Les hommes mêmes, ayant abandonné leurs plumes d'oiseaux et leur nourriture de bêtes fauves, s'adaptent à nos moeurs. Devenus traitables, ils souhaitent, sous tes auspices, être rééduqués par des lois humaines. Qu'on ne vienne pas me vanter le jeune homme qui le souhaitait et qui a déjà soumis par les armes les colonnes d'Hercule connues du monde entier et plusieurs autres mondesGa naar voetnoot4. Ta gloire, Ortelius, est beaucoup plus grande que la sienne, toi qui, non par les armes ni par la force mais par ton seul génie et les claires découvertes de ton esprit, | |
f. 59 voayant mesuré, grâce à un art nouveau, cette masse immense, telle qu'elle est suspendue dans l'air, seul tu as pu la soumettre à l'autorité des hommes et ouvrir à tous les bras qu'Amphitrite étend sur la terre. Courage invincible. Déjà la Belgique n'est plus seule à élever tes louanges, dont la limite n'est ni le rivage de Gibraltar, ni le rocher qui est en face sur la rive africaine, mais qui s'étend jusqu'aux deux pôles de l'axe terrestre: pose-toi ces colonnes comme but. Lorsque les étoiles tombent du ciel silencieux, ce sont elles qui sans fin répéteront, Abraham, ton nom et tes louanges. | |
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A Abraham Ortelius, géographe du roi, Victor Giselin Modius. A Anvers 1er février 1574. Cette page c'est Mylius qui l'a signée le premier, puis Pulmann; Victor en troisième lieu a terminé pour toi, Ortelius, la triade unanime, afin que le cercle de cet album se ferme sur le solide nombre trois. Que les dieux sauvent pour tous les siècles tous les amis unanimes que garde Ortelius dans son album. Anvers 1580.
Victor Ghyselinck (Santford, 1543 - Bergues-Saint-Winoc, 1591). Il fit ses études de médecine à Louvain, Paris et Dole. Courageux praticien il soigna la peste à Oudenbourg, en 1576, et reçut une gratification de 18 livres de la part du magistrat. Il publia l'ouvrage de Jean Fernel: De Luis Venerae Curatione perfectissima liber (Anvers, Plantin, 1579). C'est la première édition du Traité du célèbre médecin français. Humaniste, Ghyselinck publia un commentaire de Prudence (Anvers, Plantin, 1564), une vie de Sulpice Sévère (Anvers, Plantin, 1574), une édition des Métamorphoses d'Ovide (Anvers, Bellerus, 1584) et diverses poésies latines. Paquot, Mémoires, t. II (Louvain, 1763), pp. 131-136. | |
f. 60Page décorée d'ornements et trois cartouches réservés. | |
f. 60 voDécor: Daniel dans la fosse aux lions est secouru par les anges - dessin rehaussé de lavis. Le quadrillé dont le dessin est recouvert semble indiquer que cette composition a été reproduite Inscriptions: Je ne craindrai pas. |