De Gulden Passer. Jaargang 41

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Boekbespreking

Ilse Schunke, Die Einbände der Palatina in der Vatikanischen Bibliothek. Citta di Vaticano, Biblioteca Apostolica Vaticana, 1962 (Studi e Testi, n^os 216, 217, 218).

La Bibliothèque Vaticane s'est enrichie d'un très important ouvrage sur la bibliothèque palatine dans la série Studi e Testi (n^os 216, 217 et 218).

C'est Ilse Schunke qui a été chargée de ce travail considérable; se basant sur les différentes études ayant la célèbre bibliothèque comme objet et se servant également des frottis laissés par feu Monseigneur Le Grelle, l'auteur a étudié la reliure de tous les volumes. Ceci nous vaut des remarques et des annotations du plus haut intérêt.

Commencée en 1543 par le prince électeur Otto-Henri, la bibliothèque s'est enrichie progressivement jusqu'en 1623, lorsque la dette contractée envers la Curie par suite des frais de la guerre ne pût être apurée qu'en cédant toute la bibliothèque à la bibliothèque vaticane. Les difficultés financières de Heidelberg sont à la base de cette chose rare: la conservation dans son ensemble d'une bibliothèque de la Renaissance. L'auteur nous montre parfaitement comment les goûts et les soucis des différents électeurs palatins se reflètent dans l'acquisition des livres et dans leur reliure, tout comme aussi la lutte entre luthériens et calvinistes: certains relieurs disparaissent, quelques années plus tard ils sont de nouveau à l'ouvrage.

Une chose est à regretter, les bibliothécaires de la Vaticane, comme beaucoup d'autres bibliothécaires trop consciencieux, ne toléraient dans leurs rayons que des volumes impeccables; aussi les pièces les plus anciennes, les plus vénérables ontelles été reliées à nouveau. De tous les manuscrits un seul le Pal. lat. 502, daté de 1383, est dans une reliure très ancienne, bien que ce ne soit pas sa reliure originelle. Ce fut une reliure de luxe, avec au centre un ovale en ivoire montrant le christ dans une mandorle, les quatre évangélistes et des ornements floraux en émail complètent le décor. La reliure de presque tous les incunables ayant été restaurée, il n'y a malheureusement que très peu d'exemples de la reliure de la seconde moitié du XV^e siècle. Par contre nous trouvons dans le travail d'Ilse Schunke une description fidèle et très intéressante des reliures faites depuis le début du XVI^e siècle. Ce sont presque toutes des reliures allemandes et l'auteur nous fait apprécier le travail de la rive gauche du Rhin, celui de Heidelberg avec l'influence du bassin du Danube et la sévérité de l'esprit calviniste de Genève. L'ouvrage est illustré de près de 200 très belles planches dont quelques unes en couleur. Les roulettes et les fers employés sont décrits avec soin et certains dessins dans le texte montrent l'analogie avec d'autres reliures dans des bibliothèques allemandes.

Après l'étude des reliures estampées qui sont naturellement les plus nombreuses, l'auteur passe aux premières reliures dorées, et ici nous découvrons un maître

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de talent, fort peu connu: Guillaume Plunion. S'il ne fut pas un élève de Claude de Picques, il est en tous les cas de la même école et arriva probablement de Paris fin 1569. En 1573 il est appointé relieur de Monseigneur le Prince Électeur. Il introduisit à Heidelberg les compositions de filets courbes, les dos sans nerfs ornés de volutes, les entrelacs de laque de couleur. Il a laissé de très belles reliures parfois alourdies par les plaques armoriées; mais cet art qui s'apparentait au style français n'a pas fait école au Palatinat; les ais de carton et les dos sans nerfs ont disparu assez vite des bibliothèques et les ais de bois et les nerfs apparents ont repris le dessus.

Une partie intéressante de l'ouvrage de Ilse Schunke est son étude de la bibliothèque des Fugger, depuis les premières reliures d'Augsbourg jusqu'à celles des manuscrits grecs reliés ‘alla grecca’ en passant par celles de Paris, de Rome, de Genève et de celles sous l'influence de cette dernière ville. Nous trouvons aussi des indications sur des reliures slovènes, sur des livres cyrilliques.

Pour terminer, je dirai que celui qui étudie l'art de la reliure de l'époque couverte par l'existence de la bibliothèque palatine (de 1543 à 1623) trouvera dans les trois volumes Studi e Testi 216, 217 et 218 de quoi récolter une ample moisson d'informations des plus utiles.

Berthe van Regemorter