Fernand-Jean-Louis Donnet.
Le 30 décembre dernier est décédé à Anvers, des suites d'une attaque d'apoplexie, FERNAND-JEAN-LOUIS DONNET, président d'honneur des Bibliophiles Anversois, né à Anvers le 17 juillet 1856.
A Anvers, tous ceux qui de près ou de loin sont mêlés au mouvement intellectuel de la ville, tous ceux qui s'intéressent aux recherches historiques et archéologiques, tous les fidèles des ventes publiques de livres, tous les amis des beaux livres anciens le connaissaient. Sa vie se passa entre l'Académie royale des Beaux-Arts dont il fut nommé administrateur le 9 mars 1896, après avoir fait le négoce des sucres, l'Académie royale d'Archéologie de Belgique où, entré le 4 octobre 1890, il remplit les fonctions de secrétaire du 1 décembre 1895 jusqu'au mois d'août 1926, la Société des Bibliophiles Anversois dont il était devenu membre en 1894, secrétaire quand le regretté Max Rooses quitta le Musée Plantin, président à la mort de ce dernier, président d'honneur le 16 mars 1923 et, enfin, la Commission royale des Monuments et des Sites, dont il fut successivement le secrétaire et le vice-président pour la province d'Anvers et un des membres les plus écoutés.
Travailleur infatigable, le principal de ses recherches se portait sur l'histoire d'Anvers. L'histoire de sa ville natale lui offrait un inépuisable champ d'investigations et nul n'en parla avec plus de ferveur, d'érudition et d'autorité. Il laisse une oeuvre considérable, dont le catalogue paraîtra dans les Annales de l'Académie royale d'Archéologie, 1927 (sous presse). On doit, pour se rendre compte de l'étendue et de la variété de ses connaissances, se reporter, par exemple, au No 23 des publications des Bibliophiles Anversois, Het jonstich versaem der Violieren, histoire de la chambre de rhétorique anversoise De Olyftak, depuis 1480, parue en 1907. Rien ne peut égaler la patience, la conscience, la minutie avec lesquelles Donnet s'était attaché dans cet ouvrage à reconstituer la biographie et l'histoire de chacun des personnages mentionnés dans le précieux manuscrit. Ce volume de 670 pages, augmenté d'une table onomastique, est une source inépuisable de renseignements biographiques sûrs pour quiconque s'intéresse à l'histoire des artistes anversois. Notre éminent et regretté confrère collabora aussi à notre revue. En 1924 il y publiait une savante étude sur ‘Un manuscrit de la chambre de rhétorique anversoise ‘De Goudbloem’.
La magnifique bibliothèque d'information et de travail formée par Donnet et qui avait envahi petit à petit toutes les pièces de sa maison: cette bibliothèque d'une richesse incomparable pour l'histoire d'Anvers et de la province de ce nom sera vendue publiquement. Et ce ne sera pas sans mélancolie que nous assisterons à la dispersion d'un ensemble aussi précieux et aussi remarquable, qui représente l'effort, la joie et l'orgueil de toute une vie.
EMILE H. VAN HEURCK.