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KARL FREUND: DE MAN DIE ‘DE NIBELUNGEN’ EN ‘METROPOLIS’ OPNAM
- Pourquoi tel autre entièrement fait à Hollywood évoque si merveilleusement l'Orient? - Pourquoi cet acteur parait dans certains films si inférieur à lui-même? - Pourquoi les spectateurs s'endorment (ou s'en vont) avant le dénouement d'une si belle histoire?
- Pourquoi?
- Parceque, le metteur en scène...Il l'a hérité du théâtre cette appellation et avec elle un peu de l'anonymat que la décadence du théâtre latin lui a conféré. - Ailleurs, où le theâtre vit sur d'autres idées, on appelle les metteurs en scène: Directeurs ou Régisseurs.
Le titre importe peu, tâchons de définir ses attributions lorsqu'il s'agit de cinématographe. En France, ce n'est pas facile. Le ‘Metteur en scène’ refuse d'abord ce nom - il veut que l'on dise ‘le réalisateur’. Et il a raison.
Dans nos studios il est l'homme à tout faire - il fabrique lui-même (tant bien que mal) le découpage et (souvent) le scénario. Il s'occupe un peu de la réunion des capitaux indispensables à son film ce que l'on appelle faire une ‘combinaison’ (le nombre des réalisateurs travaillant pour des sociétés organisées est ici sensiblement inférieur à celui des soi-disant indépendants). Ensuite, il met au point la décoration parcequ'il n'y a que des exceptions qui collaborent avec les deux ou trois seuls décorateurs de cinéma dignes de ce nom. Il fait aussi un peu de publicité, parcequ'il faut bien que publicité se fausse plus ou moins...Et il dirige les acteurs, qu'il aurait du choisir mais qui pour la plupart on lui a imposé ce qui est sa vraie charge. Les prises de vues (pendant lesquelles il surveille encore éclairage etc....) une fois terminées il coupe lui-même son film.
Dans cette longue liste de travaux il ny a que deux seuls qui incombent vraiment au ‘Directeur’ et le premier lui est pour ainsi dire interdit, celui de choisir des interprêtes. Scénariste, décorateur, assistant, préposé à la surveillance des éclairages, ‘Publicity-man’ et coupeur font défaut. Sur ces cinq collaborateurs, trois devaient être presque ses égaux en valeur et en responsabilité (l'absence de l'assistant pouvant être comblée par un bon opérateur et la publicité n'étant qu'accessoire au point de vue de réalisation proprement dite),
S'il est déjà difficile de parler de son propre métier, même en généralisant, dans le cas présent, la complication devient trop forte...
La formation de ces éléments manquants mettrait à leur vraie place les réalisateurs français dont peut-être ceux qui seraient les meilleurs dans un travail divisé, organisé, rationnel sont étouffés par l'état de choses actuel, dépassés par d'autres simplement plus ‘débrouillards’ qu'eux...
Essayons de ne point préciser, et examinons le rôle du metteur en scène au point de vue international. Admettons que l'on commettrait une grave erreur en croyant qu'un réalisateur doit forcément être un scénariste, un décorateur ou un coupeur. - Il n'est donc comme ces trois autres éléments qui lui sont parallèles, qu'un des nombreux rouages dans les travaux de réalisation, qui rendent de plus en plus à être divisés à mesure que le cinématographe développe sa technique.
Charlie Chaplin, metteur en scène, acteur et scénariste, serait l'exception qui confirma la règle, si son génie ne lui octroyait pas tous les droits...Et nous savons que l'on va nous répliquer aussitôt: - Mais alors le metteur en scène selon vous devrait avoir un rôle tout à fait secondaire dans une réalisation?
- Pas du tout. Diriger les acteurs, garder le rythme d'un film, dont les scènes sont photographiées dans un ordre dicté par les seules contingences du travail, mettre les détails à leur place de façon à ne pas noyer le sujet, mais au contraire ‘l'accrocher’. Donner à un ensemble la plupart du temps disparaitre le caractère voulu, ‘l'atmosphère’! - Voilà les véritables soucis d'un Directeur.
Les grands professionnels étrangers: Cruze, Eisenstein, Lubitsch, Stroheim, Stiller,