Journaal gedurende de veldtochten der jaren 1673, 1675, 1676, 1677 en 1678
(1881)–Constantijn Huygens jr.– AuteursrechtvrijAoustLundy. 1.Les Estats envoyent à S.A. un memoire des Plenipotentiaires de France qu'ils avoyent remis aux nostres le 29 passé, dans lequel ils disent que ce qui regarde la reconciliation entiere de l'Estat avec leur Roy, n'estant que la satisfaction d'un Roy son allié sa Majté sera bien aise d'entendre quels expedients pourront estre proposés de la part de l'Estat pour lever cette difficulté, proposants que l'on pourroit envoyer un deputé à S. Quentin ou le Roy se trouveroit en personne, ou bien a Gand si les Estats l'aimoyent mieux. S.A. escrivit pour son sentiment aux Estats qu'il regardoit ces propositions comme des artifices de la France pour traisner la conclusion, semer de la jalousie entre les alliés et la discorde au Pays; qu'elle croyoit qu'il ne falloit pas transferer la negotiation de Nimegue ailleurs. Le duc de Villa-Hermosa vint voir S.A. le matin. Ma douleur d'estomac et mon flux de ventre cesserent. Le jour precedent j'eus une lettre de ma femme du 30 ou elle me mande que mon frere estoit arrivé a Paris le 11e Juillet et que le 3e du mois ma belle soeur de Nieuwerkercke alloit a Cranenburg. | |
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Coljear dit qu'on luy mandoit de la Haye que les Suedois relaschoyent de leurs pretensions à Nimegue, offroyent de ceder Stettin et plus. Il me dit dans la marche que l'on croyoit que le Conte de Nassau, General de la cavrie, avoit fait effectivement la sottise d'espouser madlle du Roeulx a Malines et que l'on en disoit cette particularité que cela se seroit fait en presence de deux Prestres et un Pfarher: mesme que mr d'Opdam y auroit esté present. Il me dit le soir que selon quelques discours que S.A. luy avoit tenus, il croyoit qu'elle pourroit bien avoir quelque dessein sur Gand. S.A. escrivit le soir a van Naerssen, deputé d'Hollande a l'armee, qu'on devoit marcher le 4e et qu'il se hastast de venir d'Anvers. | |
Mercredy. 3.'s Gravemoer me dit que le Lord Duras estoit allé droit à Paris, quand il estoit party de l'armee le jour precedent, sans scavoir pourtant le sujet de sa commission, mais Beuningen du 29 Juill. mandant que le Roy l'envoyoit a S.A. pour luy donner part de ses inquietudes au sujet du secours de Mons. Il est a croire qu'il est allé pour parler de cette affaire, s'il est allé en France. Du depuis cela s'est trouvé faux. Asperlyn et Watteville mangerent le matin un melon avec moy que Hoefnagel m'avoit envoyé. S.A. eut nouvelle du R. Pensionaire que de toutes les voix on avoit resolu dans l'Hollande de ne point envoyer au Roy de France ny a Gand, comme les Ambassrs de France avoyent proposé à Nimegue, et on considera cela comme une bonne affaire pour l'authorité et le respect de S.A. | |
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S.A. logea dans la maison de mr de Hanoffel, receveur gn̅al des domaines du Roy en Brabant. J'appris que ce que 's Gravemoer m'avoit dit le jour de devant de Milord Duras estoit faux. S.A. me donna les resolutions de l'Estat du 2e de May portant ordre aux Ambrs à Nimegue d'insinuer a ceux de France la conclusion de l'Alliance avec l'Angleterre, mais avec la reserve qu'elle n'auroit sa force qu'avec l'll d'Aoust, et qu'apres ce temps la lesdts Estats ne seroyent plus en estat de conclurre aux conditions offertes par le Roy, lequel ils prioyent de leur donner la paix en evacuant les places selon le contenu desdtes conditions, s'excusant en mesme temps touchant la proposition des Ambrs de France faite quelques jours passés d'envoyer au Roy a St. Quentin ou a Gand pour y traitter avec ses commissaires. Sommerdyck et French avec 4 a 500 tant chevaux que dragons, battirent a Goyck un party de 2 a 300 cents chevaux des ennemys. Ceux de Cell en battirent un autre de 80. Il y eut nouvelle que le Roy de la Gr. Brete estoit allé a Portsmouth pour donner ordre a la flotte et qu'on avoit envoyé audt lieu ce qu'il y avoit de vaisseaux aux Dunes. | |
Vendredy. 5.Dyckvelt me dit que Cabillau, qui avoit esté blessé au party de jeudy, couroit grand hasard de la vie. Nous restames a St. Ulrichs Capelle. Coljear me dit que les Suedois à Nimegue filoyent fort doux et qu'ils avoyent declaré qu'ils ne vouloyent pas empescher que l'on ne fist la paix, et s'oppoyent pour moyenner que le Roy de France permettroit que l'on portast de vivres a Mons de huict en huict jours. Mais qu'il y avoit de l'artifice encore la dessoubs et que la France taschoit d'empescher par là la declaration de l'Angleterre. | |
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Samedy. 6.Nous marchasmes a 3 heures et demye du matin et allasmes camper à St. Quintyns a 3 heures d'Enghien. S.A. y logea dans une meschante cense et moy je campay. S.A. escrivit aux Estats qu'il marchoit du costé de Mons qui estoit fort pressée et alloit se mettre le plus pres qu'elle pourroit des ennemys pour voir ce que l'on pourroit entreprendre contre eux. Qu'elle attendoit mr Spaen dans un jour ou deux, devant estre ensuitte d'esgale force avec les ennemys. Nous eusmes une belle marche. Trois cavaliers des nostres prirent 15 a 16 fantassins des ennemys dans un petit bois entre les lignes. | |
Dimanche. 7.Nous restames audt quartier pour donner du temps à Spaen d'avancer avec ses trouppes. Posterne que S.A. luy avoit envoyé, revint, rapportant que ce soir il devoit passer le canal de Brusselles a Vilvorden. S.A. le luy redepescha encore la nuit apres ce jour. S.A. avoit dit a mr van Naerssen que les Suedois à Nimegue se mettoyent a la raison: elle avoit eu des lettres du pensionaire au matin. Le soir le duc de Villa-Hermosa vint et on fut assez long temps a tenir Conseil ou Coljear me dit que les choses se traittoyent assez confusement. | |
Lundy. 8.Nous marchames dudt quartier à Enghien ou je logeay dans une maison tout joignant aupres d'une porte que les Espagnols avoyent fait sauter quand l'année passée ils firent raser la place. On ne fut pas bien certain si l'ennemy avoit fait un petit mouvement du costé Cambron ou s'il estoit encor en son camp de Soigny, dont nous n'estions qu'a deux heures. Une toux qui m'avoit commencé il y avoit deux trois jours, me continua. Comme nous disnions a l'air, les tentes n'estant pas encor dressees, nous fusmes arrouses d'une grosse pluye. | |
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Watteville dit un proverbe normand: Il vaut mieux se desdire que de se detruire. | |
Mardy. 9.La toux m'incommoda fort, ce que je crachois estant un peu salé, elle ne m'empescha pourtant pas de dormir. Il fit un temps fort inconstant de pluye et de vent. On donna les ordres pour marcher le jour suivant a dessein de loger a Steenkercke, estant à une lieue d'Enghien; mais un peu apres il y eut ordre de ne point marcher. | |
Mercredy. 10.De Wilde me dit qu'Offenbergh avoit lettres de son pere que la paix estoit autant que faite, et à la Cour on me confirma la mesme chose. Coljear dit qu'on luy mandoit que la signature devoit se faire le 9 de ce mois. Cependant on donna ce jour du 10. les ordres pour marcher le jour suivant vers les ennemys et S.A. manda aux Estats qu'il alloit se mettre aupres d'eux le plus proche qu'il pourroit pour resoudre ensuitte si l'on pourroit les attaquer et de quelle maniere. Coljear me dit que la derniere fois que Walenburg estoit a la Haye ayant appris que S.A. avoit dessein d'oster un sol de la paye des mariniers pour le donner aux soldats Anglois, il avoit esté solliciter les villes d'Hollande pour traverser cela et que S.A. luy ayant donné une bonne reprimende la dessus avec un reproche de tout ce qu'elle avoit fait pour luy, elle luy avoit commandé de se rendre incessemment en son Gouvernement et de n'en point bouger sans sa permission expresse. | |
Jeudy. 11.Nous marchames a 4 heures du matin et allâmes camper au pres de Steenkercke, un petit village ou il n'y avoit pas une bonne maison. S.A. logea dans une cense a une demy heure de la qui estoit aussi tres meschante. Au commencement on avoit dessein de passer le ruisseau qui passe audt village, mais par apres on resolut de camper en decà, autrement la queue seroit arrivée trop tard. | |
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Deux mille chevaux et dragons avec le Conte de Nassau estant desja passés, il fallut les faire revenir. Ledt Conte de Nassau craignant que les ennemys qui paroissoyent aupres du petit Roeux ne vinssent le charger dans la retraitte, il envoya pour avoir du monde et S.A. y alla voir aussi, mais il ne vint personne. D'aupres de Steenkercke je vis assez distinctement le camp des ennemys qui, a ce que dirent les gens venants de là, avoyent esté depuis le grand matin soubs les armes et avoyent eu une alarme comme si les Allemands venoyent du costé de Cambron les attaquer aussi. La toux m'incommoda tousjours bien fort. Dans cette marche nous fusmes 13 heures a cheval pour faire le chemin d'une lieue. | |
Vendredy. 12.Nous marchames a 4 heures du matin et arrivasmes sur les neuf heures et demy a Braine le Conte ou S.A. logea a la posterie au Fauxbourg, et moy chez le Curé ou j'avois logé encor une autre fois. Dans la marche il vint avis que les Francois avoyent decampé d'aupres de Soignies et apres plusjeurs rapports differents il se trouva qu'ils estoyent aller camper leur droite a Casteau et la gauche a St. Piere, par ou l'on jugea qu'ils ne pourroyent nous empescher en tout cas d'aller à Mons par la plaine de Binch. Parmy les rapport susdts il y en avoit qu'ils estoyent allés a Cambron, ce qui auroit esté abandonner leur blocus. Pester me monstra des lettres ou on luy mandoit de la Haye que les Ambrs de France avoyent fait connoistre que le Roy accordoit l'evacuation des places, mais qu'ils pressoyent pour que l'on envoyast un Ambr ou Commre vers luy pour adjuster les affaires du nord, et que mrs les Estats ayant excusé cela, offroyent d'envoyer aussitost que la paix seroit signée. Je montay avec Pester sur la tour de Braine et me mis | |
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a dormir en suitte jusques a 8 heures et demye ne souppant point. Asperlyn ayant commencé à se trouver mal le jour de devant, eut la fievre ce jour là. Ma toux continua de m'incommoder. | |
Samedy. 13.Le matin sortant du logis pour monter a cheval avec mr Pester et le Ministre van Troyen qui avoyent logé aussi chez le Curé de Wilde me fit voir l'imprimé d'une lettre de mr van Beverningh du 20e par la quelle il mandoit à mrs les Estats que ce jour là ils avoyent adjusté touts les articles avec les Ambr de France et qu'on avoit donné ordre pour les faire transcrire et mettre au net en intention de signer le traitté encor ce mesme soir; qu'ils s'imaginoyent bien que toutes les choses ne seroyent pas au contentement de mrs les Estats, mais qu'ils esperoyent qu'ils voudroyent estre persuadés de ce qu'ils avoyent fait tout ce qui avoit esté possible. Nous marchames jusques a Soignies ou S.A. logea a la posterie ou elle avoit logé l'année passée, et moy dans mon vieil logement. Les ennemys y avoyent eu leur campement proche de la ville et mr de Luxembourg avoit logé dedans chez un bourgeois, et son armée avoit marché de fort bonne heure ayant esté en alarme toutte la muit. Ma toux dura tousjours. Ma femme me manda du 10e que madame Ryckaert se portoit tousjours fort mal de sa langue qui s'enfloit tousjours et qu'elle ne gaignoit rien par les remedes des medecins dont elle se servoit, me priant de parler à Bruynestein pour scavoir son sentiment. | |
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Luxemb. susdt aupres duquel nous vismes paroistre quelque monde de temps en temps et une fois une trouppe d'officiers ou il sembloit qu'il estoit luy mesme. Il y avoit entre nous et ladte abbaye une hauteur qu'apres avoir quasi trop attendu ou trouva necessaire d'occuper, comme fit mr de Weibnom ayant fait avancer vers là de la cavallerie et des dragons à toutes jambes par ce que l'ennemy faisoit du semblant de vouloir la disputer. En mesme temps on fit avancer de l'infanterie et des dragons de ce costé là, ce qui dura bien du temps, et cependant S.A. allant pour disner le duc de Monmouth arriva de Brusselles venant pour avoir part à l'occasion. Peu de temps apres disner nous entendismes le commencement de l'attaque de l'Abbaye par les dragons de S.A. apres qu'avant disner on eust fait jouer deux batteries de dessus ladte haulteur, qui firent grand dommage aux ennemys. Par cette attaque ladte Abbaye fut emportée dans peu de temps, mais au commencement il y manqua de l'infanterie pour la soustenir et S.A. avec quelques autres vindrent courir et crier pour faire avancer le monde qu'il y falloit. Apres avoir abandonné l'Abbaye les ennemys se retirerent sur les hauteurs proches et nos gens ayant gaigné d'autres postes l'un apres l'autre ne laisserent pas d'estre fort incommodés et rechassés de temps en temps. Sur les six heures S.A. revint de cette attaque pour aller à la droite ou estoit celle des Espagnols. J'y allay avec elle et fus dans un endroit ou les balles siffloyent fort. Par cette attaque pourtant il ne fut rien effectué et on ne gaigna point de poste. S.A. revenant de la alla parler à mr de Chauvet le pressant pour envoyer du monde qui pust prendre par le dos les ennemys. Il promit cela, mais assez froidement, et n'en fit rien. Nous revinsmes apres a l'attaque de S.A. ou de temps en temps on envoyoit de gens fraisches et ou l'on avoit assez avancé, mais les ennemys combattants | |
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opiniatrement jusques a dix heures du soir, on reperdit beaucoup du terrain que l'on avoit gaigné et on ne conserva que l'Abbaye. Sur le soir, comme il commenca a faire nuit, S.A. allant courir encore a la droite, je ne voulus plus suivre, me trouvant fort las et alteré de la chaleur outre l'incommodité de la toux. Comme S.A. revint de son attaque je vis bien a son visage et a celuy du Marquis de Grana que les choses n'y alloyent pas a souhait, et ayant demandé a Ouwerkerck il me l'avoua et dit que nos gens avoyent esté rechassés des postes qu'ils avoyent tenus et qu'il n'y avoit point de remede si cela n'estoit reparé a la gauche. Il conta en mesme temps a Dyckvelt qui y estoit aussi que S.A. avoit failly d'estre tué ou fait prisonier par un esquadron des ennemys qui avoit passé et que comme ils disputoyent quelles gens c'estoyent, le Capitaine avancant avoit tiré sur S.A. mais que luy luy avoit appuyé un coup dont il estoit tombé du cheval. Tout cela nous rendit fort melancholiques craignant quelque mauvaise issue de nr̅e affaire. Dyckvelt et moy resolumes d'aller nous mettre dans sa calesche pour nous delasser, ou estants mr van Naerssen, deputé d'Hollande a l'armee, nous vint dire que nous ferions bien de nous mettre a cheval par ce que les affaires n'alloyent pas bien, et que l'on disoit que nos gens revenoyent à nous. Nous montames a cheval et ayant parlé a quelques officiers de la cavallerie qui estoit les plus proches, la plus part dit qu'il n'y avoit rien, mais le Cor. Holtzappel nous dit au contraire que les choses alloyent mal et que desja l'ordre avoit esté donné de faire repasser le defilé au bagage et mesme le faire aller du costé de Brusselles s'il estoit besoin. Apres estants revenus au bagage je fis accommoder le mieux que je pûs un matelas dans ma charrette et y dormis la nuit assez mal tout habillé et mes chevaux tout | |
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prests aupres de moy. Les ennemys avoyent mis le feu a quelques maisons la ou l'on combattoit et on pouvoit discerner selon le feu de la mousquetterie qui d'eux ou de nous avancoit ou reculoit. Venant au bagage la premiere fois je trouvay dans un chariot Friesheim Capn aux gardes qui avoit receu, ce nous dit il, un coup a travers du scrotum qui luy cassoit l'os de la cuisse. Roosande estoit dans la Calesche de mr van Naerssen ayant un coup a travers les deux cuisses qui luy avoit donné une bonne fiebvre. | |
Lundy. 15.M'estant levé vers les 7 heures et ayant trouvé S.A. je trouvay les visages tout changés et on ne parloit que du bon succes que nous avions eu et du courage de nos gens, S.A. disant que les Francois verroyent bien qu'ils seroyent tousjours battus par nos gens apres qu'ils avoyeut sceu les forcer dans un poste semblable. J'appris la confirmation de ce que j'avois ouy dire par des gens qui avoyent passé aupres de ma charrette le matin, que les ennemys avoyent decampé sans qu'on sceut ou ils estoyent allés precisement. On me dit de plus que cette retraitte s'estoit faite avec bien de la confusion ayant laissé leurs tentes, malades, blessés et beaucoup de vivres, biere, pain ete. Ayants beaucoup encore promené depuis avec S.A. a la fin, nous allames voir le cloistre ou Abbaye de St. Denys et admirames la bravoure de nos gens qui avoyent osé attaquer un poste si fort, tout couppé de hayes, de bois, et ou il y avoit une maison ou l'on pouvoit fort bien se defendre. Il y avoit encore la en divers endroits quelques trois ou quatre cents morts touts depouillés nuds et quelques blessés parmy eux qui vivoyent encore et prioyent qu'on voulust les faire penser. Nous vismes d'une hauteur le camp de Montal qui sembloit de marcher aussi. | |
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Cette Abbaye est un lieu fort plaisant, le ruisseau qu'il y a formant de grands estangs, et une cascade de douze a 13 pieds. Outre cela sur les montagnes bien droites de fort beaux et grands arbres. Comme S.A. alloit se mettre à table, le Marquis de Grana nous dit qu'il avoit lettres du Marquis de los Balbases que la paix avoit esté signée I'll apres minuit. S.A. dit a table qu'elle avoit eu une lettre de la conclusion de la paix du R. Pensionaire, mais point de l'Estat, et que cependant elle avoit dessein de servir l'Estat aux occasions qui se presenteroyent. Cela sembloit bien extraordre cependant que le R. Pensionaire luy mandant cela et quantité de particuliers en ayant des nouvelles, S.A. n'en avoit pas de l'Estat, et il y avoit lieu de juger qu'il y avoit du mystere, sur tout S.A. ne se plaignant pas de cela ny aussi touts les jours passés quand apres les lettres de l'11e, par lesquelles elle sceut que la paix devoit se signer au plus tard ce jour la, elle ne temoigna pas estre faschée de ce qu'elle n'en recevoit pas d'avis. | |
Mardy. 16.S.A. envoya le matin Dyckvelt au duc de Luxembourg pour parler avec luy touchant l'avictuaillement de Mons. Il luy dit que trois heures avant le combat il avoit eu lettres de Nimegue que la paix estoit signée, mais que pour ce qui estoit de Mons il ne pouvoit se declarer, n'ayant point d'ordre la dessus, mais qu'il en escriroit en cour, preposant en suitte une cessation d'armes de deux fois 24 heures, laquelle, apres que l'intendant Robert eust aussi parlé a S.A. et celle la avec les alliés, fut arrestée comme devant durer jusques a vendredy a midy. Ce jour quantité de nos officiers allerent vers le camp Francois voir leurs amys, rapportant que l'on y parloit auec beaucop d'estime pour nr̅e infanterie, mais mr de Montpouillan dit que le duc de Villeroy avoit dit qu'il s'estonnoit de ce que l'on avoit voulu faire casser la teste | |
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contre la muraille à de si braves gens comme nous avions, voulant taxer nr̅e action de temerité. Il y eut bien d'irresolution ce jour la, scavoir si l'on devoit deloger de l'Abbaye ou point; on y resta à la fin. Je fus fort incommodé de la toux. | |
Mercredy. 17.S.A. fit changer le campement qui n'estoit pas bien et alla loger dans l'Abbaye de St. Foillan tout apres du Roeux. Je logeay moy dans une petite maison ou Chappelle estant tout aupres ou il y avoit un puits dans l'entrée, au fonds duquel les moines disoyent qu'il y avoit un tronc d'arbre ou devant 5 a 600 ans avoit esté trouvée de St. GertrudeGa naar voetnoot1) la teste de St. Foillan martyrisé par les Sarrasins. L'apres disnée arriva Milord Mulgrave. Le Marquis de Grana dit qu'a Nimegue les Francois vouloyent garder Gand et Charleroy, et apres on dit que c'estoit parce qu'ils pretendoyent s'asseurer par la jusques a ce que l'Espaigne seroit d'accord auec le Chapitre de Liege touchant Dinant qui devoit leur estre cedé par le traitté, ou bien Charlemont. Monsr de Montpouillan dit que monsr Temple estoit party brusquement de Nimegue et avoit passé a la Haye pour aller en Angleterre sans dire mesmes s'il devoit revenir ou point. Le soir comme je fis signer a S.A. des choses elle dit: Ick en kan niet bedencken, wat duyvel, waerom datse me niet en schrijven, ick geloof dat se in̅ Haegh altemael geck geworden zijn. Ick weet niet hoe het er staet, ick heb het tractaet niet, noch niet met alle. Daer is nu weder andere brouillerie in̅ weegh gekomen. De Raetpensionaris schrijft me een briefje van vier regelen. | |
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et mangeay d'assez bon appetit a disner ce que je n'avois pas fait les 4 ou 5 jours precedents. Gelain, mon valet eut la fiebvre la nuit. S.A. donna une compc aux gardes à Watteville qui l'avoit suivy depuis cette campagne. J'appris que le duc de Luxembourg avoit mandé a mr de Dyckvelt qu'ayant reçeu les ordres de la cour touchant la maniere dont on pourroit adjuster les choses de Monts, il souhaittoit de scauoir ou il pourroit parler a luy. | |
Vendredy. 19.Coljear me vint dire le matin quand j'estois encor au lict que mr de Dyckvelt estoit allé trouver mr de Luxembourg. S.A. disna au quartier des Espagnols. Incontinent apres disner Dyckvelt estant revenu, retourna encore vers le duc de Luxembourg, et on sceut que ce Duc avait declaré de vouloir lever le blocquus de Mons, mais que la difficulté qu'il y avoit, estoit de scavoir laquelle des deux armées marcheroit la premiere, les Francois voulants que ce fust la nostre, ce que l'on ne jugea pas capable de troubler l'accommodement. Le soir on dit que tout estoit accommodé et que le 21 les deux armées devoyent marcher en mesme temps. Ma toux me dura tousjours quoyque ce matin j'eusse eu une grande sueur qui me laissa de plus un abbattement et une sescheresse de bouche. | |
Samedy. 20.A 4 heures du matin on vint me dire que S.A. et les gentilshommes envoyoyent des chevaux en relay, S.A. devant partir le jour suivant pour la Haye. A dix heures Voorst me vint dire qu'il par[tiroit] au mesme moment pour la Haye, prenant jusques a Brusselles six cavaliers avec luy pour escorte, que tout le bagage et le reste du train de S.A. demeuroit à l'armée. |