Oeuvres complètes. Tome XIX. Mécanique théorique et physique 1666-1695
(1937)–Christiaan Huygens– Auteursrecht onbekend
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Appendice II
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T. VIII, f. 42-44: Extrait des Registres de l'Académie des Sciences (feuilles séparées reliées avec le volume lui-même). ‘Le Jeudi 20e de Juin, la Compagnie estant assemblée extraordinairement, plusieurs ont lû leurs projets pour l'execution d'un traité de Mechanique que la Compagnie a ordre de composer. On a mis tous les ecrits entre les mains du secretaire pour en faire un extrait, et le presenter a Monseigneur Colbert’. Le secrétaire (J.B. du Hamel) donne de ces écrits un aperçu assez long que nous ne reproduisons pas, vu qu'il est impossible d'y distinguer les opinions particulières de Huygens. Nous nous contentons de citer l'alinéa suivant: ‘On conuient encore, que dans la lre. partie on doit expliquer les puissances qui font mouuoir les corps, et celles qui les arrêtent, comme étant les principes naturels des Mecaniques, et que l'on expliquera la raison des Machines simples, auxquelles les autres se pourront reduire’. Sans doute à la suite d'une communication du secrétaire à Colbert, la demande du gouvernement fut précisée déjà le 22 juin. T. VIII, f. 44 v. ‘Le Samedy 22o Juin 1675, la Compagnie estant assemblée, sur ce que Mr. Perrault le controleur a proposé de la part de Monseigneur Colbert, que son intention est que le traité des machines fasse la principale partie de cet ouurage, que l'on donne la Theorie seulement en forme de preface, ou d'introduction, et le plus briéuement qu'il se pourroit, ayant pris les auis de l'assemblée touchant l'execution de cet ouurage, on a arresté (f. 45) 1o Que l'on enuerroit à Monseigneur Colbert l'extrait des projets de l'Academie, qui a été lû dans l'assemblee, afin qu'il en ordonne ce qui luy plaira. 2o On a chargé Mr. Buot de faire un catalogue et une description des principales machines pour être raporté à la Compagnie; il sera aidé par Mrs. Pasquier et du ViuierGa naar voetnoot1). 3o Pour ce qui regarde la Theorie ou l'introduction, la Compagnie a chargé Mrs. Hugens, Blondel, Mariotte et Picard de faire chacun leurs memoires ou projets, d'en conferer ensemble, afin de le raporter à la Compagnie pour rediger en ordre ces memoires. 4o On a distribué à ceux qui doiuent trauailler aux memoires plusieurs liures de mecaniques pour seruir à dresser ces mêmes memoires’.
De juillet à septembre on parla souvent de sujets se rapportant au Traité. T. VIII, f. 13 v., le 6 juillet 1675: ‘On a parlé du principe general des Mechaniques [comparez les p. 15-16 qui précèdent]. Mr. Roemer a proposè une demonstration de son invention. Mr. Buot a parlé du dessein, que Monseigneur Colbert luy a donné d'executer. Qui est de commencer par les machines d'ArchitectureGa naar voetnoot2). Il a apporté la figure d'une moufle extraordinaire...et il apportera samedy prochain les figures et descriptions d'autres machines’. Le 13 juillet: ‘Mr. Buot a proposé son Invention pour faire des armes a feu dont la portee ordinaire surpassera de beaucoup celle des armes communes. Et Mr. Aubeuf a apporté un pistolet pour faire l'experience. On a arrestè que Mercredy prochain Mrs. Hugens, Mariotte et Buot se trouueront aux Thuilleries, pour en voir l'effet’. | |
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Mr. Buot a leu un ...[?] des Machines, qui regardent l'agriculture’. Le 20 juillet: ‘Mr. Buot a leu la communication de son Memoire d'une Machine pour estre monstrée a Monseigneur Colbert’. Le 27 juillet: ‘On a arresté de quelle grandeur on feroit les planches des Machines et outils’. Buot continua à lire sur les outils et instruments le 3 août, le 1 septembre, le 9 et le 16 novembreGa naar voetnoot3). Le 3 août: ‘Mr. de Roberval a mis entre mes mains un traicté de Mechaniques pour estre mis dans les Registres’. Ce fut son chant de cygne. Il avait sans doute fait usage du traité dont il est question dans la note 2 de la p. 181. Voyez aussi la note 1 de la p. 184.
Le traité anonyme qui occupe les f. 47-58 du T. VIII est-il celui de Roberval? Du Hamel dit à la p. 153 de la deuxième édition (de 1701) de son ‘Historia’: ‘Interea varii sunt elaborati Mechanici Tractatus. Unum inter alios in tabularia relatum invenio à D. de Roberval compositum, in quo breviter hujus scientiae principia et fundamenta explicantur. Etc.’ Malgré le verbe ‘invenio’ qui indique sans doute qu'au moment de la composition de ce chapitre du Hamel ne se rappelait pas fort bien ce traité (dont il donne une description détaillée qui s'accorde parfaitement avec le traité anonyme du T. VIII), et qu'il est donc possible qu'il l'attribue surtout à Roberval parce que le procès-verbal du 3 août parle d'un traité de Roberval qui devait être mis dans les Registres, il semble probable qu'il ne se trompe pas. Parmi les ‘varii .. Mechanici Tractatus’ qu'il mentionne, il peut y avoir eu des projets de Huygens, de Blondel, de Mariotte et de Picard, mais ceux-ci, s'ils ont existé, ne nous sont apparemment pas parvenus.
Il est toutefois évidemment nécessaire d'examiner si le contenu du ‘traité de Roberval’ est tel que celui-ci peut logiquement provenir du même homme qui avait fait quelques années auparavant les quatorze objections publiées en 1934 contre l' ‘Horologium oscillatorium’Ga naar voetnoot4); il est de plus intéressant de voir si l'auteur de ce traité attache la même importance que Huygens au principe des déplacements, réels ou virtuelsGa naar voetnoot5). Le traité est intitulé ‘De la Mecanique’. Il débute par 6 ‘definitions’, suivies de quatre lignes ‘des Machines’ et contient ensuite cinq chapitres: 1) ‘des [six] principes des machines’, 2) ‘des fondemens des machines’; ‘des fondemens physiques’, ‘des fondemens de doctrine’ (26 parties, dont un grand nombre traitent de la position du centre de gravité dans diverses figures à commencer par le triangle), 3) ‘division des machines’, 4) ‘des machines simples’, 5) ‘des especes des machines artificielles composees’. Ce n'est donc pas le traité perdu de Roberval dont nous avons fait mention dans la note 4 de la p. 442 du T. XVIII, lequel, suivant Roberval lui-même, contenait huit livres, traitant respectivement 1) ‘de centro virtutis potentiarum in universum’ 2) ‘de libra’, 3) ‘de centro virtutis potentiarum in specie’, 4) ‘de fure mirà [?]’, 5) ‘de instrumentis et machinis’, 6) ‘de potentiis | |
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quae in diversis corporibus mediis agunt; ubi de natatione’, 7) ‘de motibus compositis’, 8) ‘de centro percussionis potentiarum mobilium’Ga naar voetnoot1). Mais déjà en 1636 avait été publié le ‘Traité de Mechanique [de 36 pages] des poids soustenus par des puissances sur les plans inclinez a l'Horizon, par G. Pers. de Roberval, professeur royal etc.’ qui fut inséré par M. Mersenne dans son ‘Harmonie Universelle’Ga naar voetnoot2). Dans le premier chapitre du traité de 1675 l'auteur parle e.a. de ‘la pesanteur par laquelle tout corps tend par les forces de la nature uers quelque point comme uers un centre’ et de ‘la force unitiue des corps, a laquelle celle de l'ayman a beaucoup de rapport, dont il semble qu'il y ait beaucoup d'especes differentes’. Il nous paraît bien peu probable que Huygens se serait exprimé ainsi, même dans un écrit populaire, vu son aversion pour les forces agissant à distance: voir p.e. sur ce sujet le premier Avertissement du présent Tome et le Traité de l'Aimant qui suit; tandis que Roberval écrit déjà dans son traité de 1636 que nous venons de nommer (Prop. XVIII): ‘Si les corps pesants deuiennent d'autant plus legers qu'ils sont plus proches du centre de la terre, rechercher quelle en est la raison’.... ‘Or si les pesanteurs diminuënt selon la raison precedente, l'on peut dire que cette diminution se fait à cause de l'attraction de toutes les parties de la terre...’ Comparez aussi la communication de Roberval du 7 août 1669Ga naar voetnoot3). Vu que l'auteur du traité de 1675 ne parle guère que de mouvements lents, on peut dire qu'il ne s'agit en général chez lui que de statique; en quelques endroits cependant il mentionne les arcs et les fleches, etc.; à la f. 51 il parle incidemment d'un boulet de canon, et il compare plus ou moins ‘la force de l'impulsion de ce boulet’, tiré perpendiculairement sur un mur, avec ‘celle de la pesanteur’ qui ‘l'abaisse aussy tost’ ce qui est une comparaison de grandeurs incomparables: ceci rappelle plus ou moins l'objection 11 de la p. 453 du T. XVIII. Nous ne trouvons en somme aucune raison pour ne pas attribuer ce traité à Roberval. Quant au principe des déplacements, réels ou virtuels, il n'en est pas question. Ceci est conforme au traité de 1636, où Roberval dit sans doute: ‘On peut encore voir clairement qu'il faut moins de force pour faire monter un poids par un plan incliné, que par la perpendiculaire. Mais reciproquement ce poids fera plus de chemin, & partant sera plus de temps à monter par le plan incliné que par la perpendiculaire. Et le temps par le plan incliné sera au temps par la perpendiculaire comme reciproquement la puissance tirant par la perpendiculaire à la puissance tirant par le plan incliné’. Mais il ne s'agit pas chez lui de l'application d'un principe comme chez Huygens: nous avons cité le Corollaire V de la Proposition I; dans cette proposition l'équilibre dans le cas du plan incliné était déduit de celui de la balance.
Momentanément, la demande de 1675 du gouvernement ne paraît pas avoir donné lieu à des travaux bien importants. On pourrait toutefois y rattacher celui de RoemerGa naar voetnoot4) sur les roues à dents épicycloïdalesGa naar voetnoot5). Nous avons déjà mentionnéGa naar voetnoot6) le Traité de Blondel de 1683 sur le Jet des Bombes. Celui de de la Hire sur la Mécanique en général est de 1695. | |
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Ce ne fut qu'au dix-huitième siècle que l'Académie publia un grand nombre de traités sur les arts et métiers. Maury les énumère à la p. 173 de son livre de 1864Ga naar voetnoot7): ‘Sous le ministère Colbert, l'Académie avait été chargée de composer une description de tous les arts et métiers, afin d'introduire, dans les procédés en usage chez les artisans, les perfectionnements indiqués par la théorie. On fut longtemps à réunir les éléments de cette grande publication technologique; après la mort de Filleau des BillettesGa naar voetnoot8), habile mécanicien, qui s'en était sérieusement occupé, elle avait langui plusieurs années, quand Réaumur lui imprima une impulsion nouvelle et en fit commencer la rédaction définitive. En 1761, parut l'Art du Charbonnier, par Duhamel du Monceau ..... etc. La publication de ces divers traités s'est continuée jusqu'à la suppression de l'Académie en 1793’.
La première exposition publique de modèles de machines à Paris eut lieu, paraît-il, en 1683: voyez la note 1 de la p. 266 qui suit. |
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