Oeuvres complètes. Tome XVI. Percussion
(1929)–Christiaan Huygens– Auteursrecht onbekend
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De vi centrifuga. | |||||||||
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Avertissement.Dans l'Avertissement précédent (p. 189-200) nous avons parlé à plusieurs reprises des idées émises par Huygens dans le cours de sa vie sur le mouvement circulaire et la force centrifuge, en connexion avec sa conception du monde et de l'espace. On a vu, tant dans cet Avertissement que dans les pages écrites par Huygens lui-même vers la fin de sa vie (p. 213-233 de ce Tome) que les différents philosophes qui s'intéressaient aux questions cosmiques, avaient des opinions diverses sur la nature, absolue ou relative, du mouvement. Nous aurions pu ajouter que les discussions sur la nature de l'espace et des questions qui s'y rattachent continuèrent après la mort de HuygensGa naar voetnoot1), qu'aujourd'hui encore, dans la première moitié du vingtième siècle, la question de l'existence ou de la non-existence du mouvement absolu a été vivement débattue et que dans ce débat le problème de la nature de la force centrifuge qui cause p.e. l'aplatissement de la terre et la variation de la gravité à sa surface joue un certain rôle. Cette dernière | |||||||||
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question a intéressé Huygens depuis 1659 jusqu'à la fin de sa vie. Dans le Manuscrit ‘De Vi Centrifuga’, la variation de la gravité due à la rotation de la terre est mentionnée une seule fois, au § 4 (Appendice I, p. 304); parmi les Appendices ultérieurs aussi on en trouvera un (Appendice VI, p. 323-326), où ce sujet est entamé, les recherches plus minutieuses sur ce sujet étant réservées pour un des Tomes suivants.
Le présent Traité, écrit déjà en 1659, n'a jamais été publié par Huygens; il n'a paru qu'en 1703, huit ans après sa mort, dans les ‘Opuscula postuma’, par les soins des professeurs de Volder et Fullenius, à qui Huygens dans son testament avait légué cette tâche. Il est vrai qu'il n'avait nommé expressément comme devant être publiés que la ‘Dioptrica’, le Traité ‘De Motu Corporum ex Percussione’ et le Traité ‘De Formandis Poliendisque Vitris’, mais les éditeurs nommés des ‘Opuscula postuma’ disent avec raison, à la deuxième page de leur préface, qu'ils ont cru agir dans l'esprit de l'auteur en y ajoutant quelques autres traités parmi lesquels celui ‘De Vi Centrifuga’. Les éditeurs ont interverti l'ordre des propositions et incorporé dans le Traité quelques-unes de celles publiées par Huygens en 1673 à la fin de son ‘Horologium oscillatorium’Ga naar voetnoot1) avec des démonstrations rédigées par eux-mêmes. Une seule Proposition, la dix-septième et dernière (p. 299), a été rédigée par eux, mais la démonstration est de Huygens. Nous avons jugé à-propos de laisser au Traité la forme que les éditeurs lui ont donnée, mais nous avons mis entre crochets leurs additions au Traité primitif. Les notes indiquent en outre le texte primitif là où les éditeurs y ont apporté des modifications, peu importantes d'ailleurs. Voici la liste complète des additions:
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Le Manuscrit de Huygens (voir p. 254, note 1) débute par les paragraphes que nous avons réunis dans l'Appendice I (p. 302-311). Tous ces paragraphes font défaut dans le Traité tel qu'il a été publié par les éditeurs, excepté le § 9 qu'ils ont intercalé dans le Traité sous le nom de ‘Lemma I’ avant la Prop. VII (p. 281). L'interversion de l'ordre des propositions par les éditeurs avait pour but, comme ils le disent dans leur préface, de rendre le Traité plus conforme à l'ensemble des Propositions publiées dans l'‘Horologium oscillatorium’. En effet, comme les notes aux p. 315-318 l'indiquent, toutes les Propositions de l'‘Horologium oscillatorium’ (la rédaction, il est vrai, est quelquefois un peu différente) se retrouvent dans le même ordre dans le Traité ‘De Vi Centrifuga’; excepté dans le cas des Prop. II et III qui ont échangé leurs places. Le Traité contient de plus les Prop. VI, IX, XI et XVII. Il semble que, dans leurs démonstrations des Prop. VII, XII, XIII, XIV et XV, les éditeurs se soient inspirés des raisonnements de Huygens que contenait le Manuscrit A; voir à ce propos les pp. 320, note 1, 321, quatrième et cinquième alinéas de la note 4 de la p. 320, et 325, note 6. C'est peut-être aux pages enlevées au Manuscrit A, mentionnées dans ces notes, qu'ils font allusion dans leur préface lorsqu'ils disent qu'ils ont démontré les Propositions nommées ‘ex fundamentis ab Ill. Hugenio positis’. Mais, comme on peut le voir dans l'Appendice V (p. 320) pour le cas de la démonstration de la Proposition XII - la seule des démonstrations que contenait le Manuscrit A, dont une partie ait été conservée - ils ont donné à ces démonstrations la forme qui leur paraissait convenable: ils ont rendu la démonstration de la Prop. XII moins exclusivement géométrique en y introduisant l'expression ∜2. Leurs démonstrations des Prop. XIII et XIV ont également un caractère moitié géométrique moitié algébrique, tandis que toutes les démonstrations de Huygens que le Traité contient sont exclusivement géométriquesGa naar voetnoot2).
D'où est venue à Huygens l'idée d'examiner à fond la nature du mouvement circulaire? La tradition, l'observation, et la mécanique pratique l'y ont amené. La | |||||||||
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rotation apparente de la voûte célesteGa naar voetnoot1) a, depuis Platon et Aristote, et bien avant eux, conduit les penscurs à voir dans le mouvement circulaire uniforme quelque chose de fort remarquable. Quoique Huygens, grâce à Archimède, à Descartes, à Galilée et à son éducation entière aussi bien qu'à la tournure positive de son esprit, soit bien éloigné de toute vénération pour les idées scolastiques, il n'y a pourtant pour lui comme pour Aristote guère que deux sortes de mouvements naturels: le mouvement droit et le mouvement circulaireGa naar voetnoot2). Dès lors, examiner la nature du mouvement droit et du mouvement circulaire, c'est pour ainsi dire examiner généralement la nature du mouvement. Galilée lui aussi, quoiqu'il ait découvert la nature parabolique de la courbe décrite par un objet lancé en l'air, ne parle pas du mouvement curviligne en général et se borne presque toujours à considérer le mouvement rectiligne et le mouvement circulaire uniforme: on a remarqué qu'il évite de faire mention de la nature elliptique des orbites des planètes, découverte par Kepler, quoiqu'il connaisse fort bien ses ouvrages et que ses disciples ne s'imposent pas la même restrictionGa naar voetnoot3). Ce sont surtout Galilée et Descartes qui, avant Huygens, ont émis des idées justes et fécondes sur la rotation. Avant eux Kepler dans son ‘Epitome Astronomiae Copernicanae’ réfute brièvement l'opinion de ceux qui pensent que, si la terre tournait, les objets mobiles seraient lancés en l'air: il dit qu'il y a entre la terre et une roue tournante cette différence que dans le premier cas les objets sont pour ainsi dire attachés à la terre par une vertu attractiveGa naar voetnoot4), mais il ne cherche nullement à déterminer la grandeur | |||||||||
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de la ‘vertu’ centrifuge résultant de la rotation. Galilée va plus loin. Il part comme Kepler de la considération de la terre tournante, et il enseigne que la grande vitesse linéaire qu'un objet à la surface du globe terrestre acquiert en vertu du mouvement diurne peut parfaitement ne pas suffire pour lancer cet objet en l'air parce que la cause de la projection (‘causa della proiezione’ ou ‘dello scagliamento’) devient moindre, pour une même vitesse linéaire, à mesure que le rayon de la circonférence décrite s'accroîtGa naar voetnoot5). La figure de Galilée qu'on trouve dans la ‘Giornata seconda’ du ‘Dialogo sopra i due massimi sistemi del mondo’Ga naar voetnoot6) ressemble beaucoup à la Fig. 4 de la p. 306 de ce Tome. Galilée considère, comme Huygens au § 8 à la page nommée, deux objets décrivant des circonférences concentriques avec des vitesses linéaires égales; et il indique dans la figure pour chacun des deux objets (ce qui aurait également dû être indiqué dans la figure de Huygens) l'écart de la tangente correspondant à la courbe décrite dans un temps déterminé assez courtGa naar voetnoot7). Il prétend ensuite que les forces (centripètes) qui font dévier les mobiles de la tangente sont d'autant plus grandes que les écarts de la tangente sont plus considérablesGa naar voetnoot8). Ceci s'accorde parfaitement avec la théorie de Huygens. Galilée est allé aussi loin qu'on pouvait aller sans donner une définition précise de la ‘forza’ centripète ou centrifugeGa naar voetnoot9). Après Galilée, Descartes, que Huygens nomme à ce propos dans son Discours de la Cause de la Pesanteur (voir la note 4 qui commence à la p. 327), parle à plusieurs reprises du mouvement d'une pierre dans une fronde. Après avoir | |||||||||
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établi ‘la premiere loy de la nature: Que chaque chose demeure en l'estat, qu'elle est, pendant que rien ne le change’, Descartes dit: ‘La seconde loy que je remarque en la nature, est que chaque partie de la matiere, en son particulier, ne tend jamais à continuer de se mouuoir suiuant des lignes courbes, mais suiuant des lignes droites... tout corps qui est meu en rond, tend sans cesse à s'esloigner du cercle qu'il décrit. Et nous le pouuons mesme sentir de la main, etc.’Ga naar voetnoot1). Plus loin il considère aussi une figure analogue à la figure nommée de Galilée et dit à propos de la pierre tournante que ‘si, au lieu de considerer toute la force de son agitation, nous prenons garde seulement à l'vne de ses parties, dont l'effet est empesché par la fondeGa naar voetnoot2), & que nous la distinguions de l'autre partie, dont l'effet n'est point ainsi empesché’, nous dirons que la pierre ‘fait seulement effort pour s'éloigner du centre’ suivant le prolongement du rayonGa naar voetnoot3). Ici, c'est bien la force centrifuge dont il est question. Ailleurs il s'exprime comme suit: ‘sçachant que l'vne des parties de son inclination, à sçavoir celle qui la porte suivant le cercle... n'est nullement empeschée par cette fronde, vous verrez bien qu'elle ne trouve de resistance que pour l'autre partie... et par consequent, qu'elle ne tend, c'est à dire qu'elle ne fait effort, que pour s'éloigner directement du centreGa naar voetnoot4)’. Ici la force centripète, elle aussi, est mentionnée sous le nom de ‘resistance’. Et dire que la pierre ‘fait tendre la corde’Ga naar voetnoot5), n'est ce pas aussi indiquer qu'il y a une force dans chacun des deux sens? Mais ce n'est pas seulement grâce à l'observation du mouvement diurne et aux écrits de ses prédécesseurs sur la mécanique céleste ou terrestre que Huygens s'intéresse au mouvement circulaire; avant la composition du Traité ‘De Vi Centrifuga’ il songe déjà à la construction d'horloges à pendule conique. Son invention de l'horloge à pendule ordinaire a été octroyée en 1657Ga naar voetnoot6). On trouve dans le Manuscrit A un projet d'horloge à pendule conique datant du 5 octobre 1659Ga naar voetnoot7); | |||||||||
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il est vrai que rien n'indique (ce qui pourtant n'est pas impossibleGa naar voetnoot8)) que l'auteur de ce projet ait observé en octobre 1659Ga naar voetnoot9) la marche d'un pendule tel que le pendule dessiné; il n'en est pas moins certain que Huygens s'intéresse aussi au mouvement circulaire en sa qualité d'homme pratique, d'inventeur d'instruments capables de mesurer le temps le plus exactement possible.
Résumons maintenant brièvement le contenu du Traité tel qu'il a été publié par les éditeurs de Volder et Fullenius en 1703 et réédité d'abord par 's Gravesande dans les ‘Opera reliqua’, Vol. II, de 1728, ensuite par nous; sans cependant exclure de cet aperçu la partie du Manuscrit publiée par nous dans l'Appendice I. L'expérience fait voir d'une part que les corps libres tombent d'un mouvement uniformément accéléré, d'autre part qu'un corps suspendu à un fil exerce une traction sur ce fil et sur la main qui le tient. On peut donc dire qu'un corps exerce une traction ou force sur un fil qui le retient lorsque ce corps a une tendance à se mouvoir dans la direction du prolongement du fil d'un mouvement uniformément accéléré; et l'on peut admettre que la force exercée est la même pour des corps égauxGa naar voetnoot10) ayant une tendance à se mouvoir avec la même accélérationGa naar voetnoot11), ne fût-ce que durant un temps infiniment petitGa naar voetnoot12). Or, ce qui détermine la tension du fil et la force éprouvée par celui qui le tient, ce n'est pas nécessairement la tendance au mouvement intégral que prendrait le mobile s'il était délivré de toute entrave; ce qui importe c'est la tendance au mouvement accéléré par rapport au fil tendu. Ainsi dans le cas d'un objet placé sur un plan incliné (parfaitement lisse) et retenu par un fil parallèle à ce planGa naar voetnoot13), | |||||||||
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le mouvement accéléré qui importe est celui que prendrait l'objet si le fil était rompu mais que le plan demeurait en place; si l'accélération de ce mouvement le long du plan est p.e. le quart de celle d'un corps tombant verticalement, la main qui tient le fil éprouvera une force égale à un quart du poids du corps. De même la grandeur de la force éprouvée par un homme attaché à une roue tournante près du bordGa naar voetnoot1) et tenant en main un fil très court auquel un corps est attaché, dépendra du mouvement uniformément accéléréGa naar voetnoot2) que le corps acquerrait au tout premier moment dans la direction du fil, si le fil était rompu (dans ce dernier cas on fait abstraction de la pesanteur). Il est vrai que la direction du fil n'est pas invariable pour un spectateur qui ne participe pas à la rotation, mais pour l'homme attaché à la roue le fil est constamment dirigé suivant le prolongement du rayon correfpondant à l'endroit qu'il occupe sur la roue, et lorsque le fil est rompu il voit au tout premier moment l'objet s'éloigner d'un mouvement accéléré en restant sur le prolongement du rayonGa naar voetnoot2); c'est donc bien dans la direction de ce prolongement qu'il doit sentir une traction lorsque le fil n'est pas encore rompuGa naar voetnoot3). Le même raisonnement est applicable au cas où l'objet tournant est attaché par un fil non pas à un point près du bord d'une roue, mais au centre de la rotation lui-même. Or, on fait que les espaces parcourus dans des temps égaux sont entre eux comme les accélérations; le rapport de la force centrifuge à la force de la gravité sera donc égal à celui de l'écart très petit ou plutôt infiniment petit de la tangente au chemin parcouru dans le même temps par le corps lorsqu'il tombe librementGa naar voetnoot4). Voilà pour la grandeur absolue de la force centrifuge. En comparant entre eux les différents écarts de la tangente pour différents mobiles dans des temps égaux, on trouve les rapports des forces centrifuges correspondantes, ce que l'on peut faire même avant d'avoir déterminé la grandeur absolue d'une d'ellesGa naar voetnoot5). | |||||||||
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En lisant les énoncés de la Prop. V. (p. 275) et du § 1 (p. 303) on verra que Huygens n'a pas eu l'intention de déterminer la grandeur de la force centrifuge par une formule algébrique, mais que notre formule
On peut regarder la Prop. VI (p. 277) comme une application de la Proposition précédente. La Prop. VII (p. 281) considère l'isochronisme des révolutions d'un mobile parcourant diverses circonférences de cercle horizontales à l'intérieur d'un conoide parabolique ou paraboloide de révolution à axe verticalGa naar voetnoot6). Dans les Prop. IX-XV (p. 287-295) Huygens et les éditeurs considèrent le mouvement des pendules coniques. Enfin, les Prop. XVI et XVII (p. 295-301) traitent la tension que le fil d'un pendule simple éprouve pendant le mouvement grâce à l'existence de la forcecentrifuge. Inutile de dire que toutes ces Propositions peuvent être démontrées plus facilement en partant de la formule F = mv2/r.
La terminologie de Huygens, quoiqu'il s'exprime fort clairement, n'est pas absolument constante. Le mot ‘gravitas’ indique parfois la force de la gravité (le poids), p.e. dans le Lemma I de la p. 281, parfois aussi la ‘quantitas solida’ (la masse), p.e. à la p. 267, l. 13. Une force ne s'appelle pas seulement ‘vis’ mais aussi ‘potentia’ (p.e. dans le Lemma II de la p. 281); il parle de l'‘impetus circulationis’ (p. 307, l. 19), du ‘conatus centrifugus’ (p.e. p. 297, avantdernière ligne). Généralement un corps exerce une force lorsqu'il a une tendance | |||||||||
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(‘conatus’) au mouvement, mais qu'un fil ou autre entrave l'empêche de se mouvoir dans le sens de cette tendance. Huygens dit plusieurs fois que la force ou tendance centrifuge est du même genre que la force ou tendance de la gravité (p.e. p. 297, l. 7 d'en bas ‘proinde similem’; p. 277, l. 25 ‘aequalem plane’; dans ce dernier cas, autrement que dans le premier, les grandeurs des deux forces sont les mêmes). Comme la ‘gravitas’ (poids), le ‘conatus’ en général est donc considéré comme une grandeur proportionnelle à la ‘quantitas solida’. Ainsi que nous l'avons dit, le ‘conatus centrifugus’ ou ‘vis centrifuga’ doit être pris pour un objet (ou point matériel) tournant autour d'un centre ‘respectu radii in quo situs est’ (p. 265, l. 5).
Les raisonnements de Huygens (et des éditeurs) dans le Traité ‘De Vi Centrifuga’ paraissent si impeccables qu'après la lecture du Traité on est tenté de se demander comment il est possible que dans des temps plus modernes plusieurs savants ont vu une difficulté logique dans le sujet qui nous occupe. C'est pourquoi nous donnerons la parole à H. Hertz pour exposer cette difficulté qui est cependant bien réelle. ‘Wir schwingen einen Stein an einer Schnur im Kreise herum; wir üben dabei bewusstermassen eine Kraft auf den Stein aus; diese Kraft lenkt den Stein beständig von der geraden Bahn ab... Nun aber verlangt das dritte Gesetz [la troisième loi de Newton d'après laquelle l'action est égale à la réactionGa naar voetnoot1)] eine Gegenkraft zu der Kraft, welche von unserer Hand auf den Stein ausgeübt wird. Auf die Frage nach dieser Gegenkraft lautet die jedem geläufige Antwort: es wirke der Stein auf die Hand zurück infolge der Schwungkraft, und diese Schwungkraft sei der von uns ausgeübten Kraft in der That genau entgegengesetzt gleich. Ist nun diese Ausdrücksweise zulässig?... In unseren Bewegungsgesetzen [que Huygens ne connaissait pas encore] war die Kraft die vor der Bewegung vorhandene Ursache der Bewegung [c'est en effet la conception de Newton, exprimée dans les deux premières lois]. Dürfen wir, ohne unsere Begriffe zu verwirren, jetzt auf | |||||||||
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einmal von Kräften reden, welche erst durch die Bewegung entstehen, welche eine Folge der Bewegung sind? [c'est la conception de Galilée, de Descartes et de Huygens, antérieure aux “Principia” de Newton]... es bleibt uns nichts übrig als zu erläutern: die Bezeichnung der Schwungkraft als einer Kraft sei eine uneigentliche... Aber wo bleiben alsdann die Ansprüche des dritten Gesetzes, welches eine Kraft fordert, die der tote Stein auf die Hand ausübt und welches durch eine wirkliche Kraft, nicht durch einen blossen Namen befriedigt sein will’Ga naar voetnoot2). On voit que cette difficulté logique n'existait pas encore lorsque Huygens écrivit son Traité. Elle apparaît lorsqu'on part des lois de Newton. Il est vrai que cette difficulté ne doit pas nous empêcher de nous servir du système de Newton. Hertz lui même ajouteGa naar voetnoot3): Wir haben in diesen Ausführungen die Zulässigkeit des betrachteten Bildes so stark verdächtigt, dass es scheinen muss, als sei es unsere Absicht die Zulässigkeit zu bestreiten und schliesslich zu verneinen. Soweit geht indes unsere Absicht und unsere Ueberzeugung nicht’. Cependant il y voit des ‘logischen Unbestimmtheiten’ qui ‘wirklich bestehen’Ga naar voetnoot3). On peut présenter la théorie classique de la force centrifuge sous diverses formes, au fond peu différentes. On peut soutenir que, suivant le principe de d'Alembert, tout problème de dynamique peut être réduit à un problème de statique en introduisant des forces fictives. Un cycliste qui parcourt dans une position oblique une courbe de l'arène est sollicité, peut-on dire, par deux forces, la pesanteur et la réaction du sol. La résultante de ces deux forces est une force centripète. Aucune autre force n'agit sur le cycliste: il n'est pas en équilibre. Mais ce cas réel peut être réduit à un problème d'équilibre en ajoutant une troisième force fictive aux deux forces réelles; cette force fictive est la ‘force centrifuge’. Quelle que soit la valeur de cette conception, ce n'est pas la conception de Huygens pour qui, nous l'avons dit, la force centrifuge est une force du même genre que la force de la gravité. Peut-on concilier Huygens et ‘d'Alembert’?Ga naar voetnoot4) Cela paraît difficile à première | |||||||||
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vue, et cependant en principe la chose est bien simple. Une force peut être réelle et fictive en même temps, réelle pour un observateur, fictive pour un autre observateur placé dans d'autres conditions. En disant que la force centrifuge est une force fictive, nous nous sommes placés au point de vue du spectateur qui ne participe pas au mouvement. Mais pour le spectateur de Huygens, attaché à la roue tournante, la force centrifuge est une force réclle. C'est environ ce qu'Einstein dit dans les paroles suivantes: ‘Ein exzentrisch auf der Kreisscheibe... sitzender Beobachter empfindet eine Kraft, die in radialer Richtung nach aussen wirkt, und welche von einem relativ zum ursprünglichen Bezugskörper [par rapport auquel le cercle tourne] ruhenden Beobachter als Trägheitswirkung (Zentrifugalkraft) gedeutet wird’Ga naar voetnoot1). Dans les jours de Galilée, de Descartes, de Huygens et de Newton, et même dans ceux de d'Alembert et de Lagrange, personne n'avait encore dit clairement que pour parler sans ambiguité des mouvements des corps et des forces qui les accompagnent, il faut commencer par dire quel est le mouvement du spectateur qui observe le mouvement des corps, par rapport à ces corps. On a cependant remarqué (un ou deux ans avant l'apparition du relativisme moderneGa naar voetnoot2), détail qui n'est pas sans importance, puisqu'après l'apparition de cette théorie, toute tentative pour attribuer des idées relativistes de quelque valeur à Huygens pourrait s'expliquer par une certaine partialité pour le relativisme moderne - et nulle faute n'est plus grave pour un historien, ni plus difficile à éviter, que celle d'attribuer à des auteurs anciens des idées modernes dont ils n'ont eu aucune connaissance) on a remarqué, disons-nous, que Huygens dans son Traité ‘De Vi Centrifuga’ est guidé, pour ainsi dire, par le principe de la relativité du mouvement; c'est ce que F. Hausdorff, éditeur de la traduction allemande du Traité ‘De Vi Centrifuga’ (Ostwalds Klassiker der exakten Wissenschaften, Nr. 138, Leipzig, W. Engelmann, 1903) exprime dans les termes suivants: ‘Huygens lässt sich auchGa naar voetnoot3) hier [il s'agit de la dernière phrase du premier alinéa de la p. 261 | |||||||||
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de ce Tome: “unde hunc conatum inesse plumbo rectè dicemus”] von dem Princip der relativen Bewegung leiten, und es scheint, dass bei dieser Auffassung die Centrifugalkraft frei von den Dunkelheiten bleibt, die ihr verschiedentlich (z.B. von HertzGa naar voetnoot4) “Die Prinzipien der Mechanik” S. 7) nachgesagt werden. Es handelt sich um die relative Bewegung der auf der Tangente weiterfliegenden Kugel gegen den auf dem Kreise mit gleicher Geschwindigkeit weiter rotirenden Beobachter’Ga naar voetnoot5).
En effet, considéré en lui-même, le Traité ‘De Vi Centrifuga’ - personne que nous sachions n'a jamais dit le contraire - est ‘frei von Dunkelheiten’. Quoi d'étonnant si plus tard (voir les Pièces qui précèdent, p. 213-233) Huygens - après avoir longtemps considéré la rotation comme un mouvement ‘vrai’ ou ‘absolu’ - revient avec insistance (quoique sans pouvoir développer le moins du monde un système relativiste conséquent) sur la relativité du mouvementGa naar voetnoot6)?
Dans son ‘Horologium oscillatorium’ (p. 157 de l'édition originale) Huygens se contente de dire, au sujet de la publication de la démonstration des treize Théorèmes sur la force centrifuge imprimées à la fin de cet ouvrage, que cette démonstration est ‘in aliud tempus dilata’. Newton, à qui Huygens avait fait présent d'un exemplaire de l'‘Horologium oscillatorium’ écrit à Oldenburg: ‘I am glad, we are to exspect another discours of ye Vis centrifuga, wch speculation may prove of good use in natural Philosophy and Astronomy, as well as Mechanicks’Ga naar voetnoot7). Cependant, comme nous l'avons dit, durant la vie de Huygens le Traité est resté inéditGa naar voetnoot8). | |||||||||
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À défaut du Traité, les treize Théorèmes, quoique dépourvus de démonstrations, ont eu une influence notable: c'est par ces Théorèmes, paraît-il, que Newton a appris à connaître la mesure exacte de la force centrifugeGa naar voetnoot1). Voici ce que Huygens observe lui-même à ce sujet à la p. 28 du Manuscrit G (nous citons ce passage en entier): ‘Je m'estonne que Mr. Newton sur une hypothese si peu probable et si hardie, se soit donnè la peine de bastir tant de Theoremes et comme une theorie entiere des actions des corps celestes. Je dis son hypothese qui est que toutes les petites particules des divers corps s'attirent mutuellement, et cela en raison double reciproque des distances. Il a pu estre conduit a sa theorie des orbites elliptiques par le livre de Borelli du mouvement des satellites de Jupiter, qui considere aussi la diminution de pesanteur par l'eloignement (quoyqu'il n'en remarque pas la proportion) et tasche de trouver les orbes elliptiques par la force centrifuge qui contrebalance la pesanteurGa naar voetnoot2), mais il n'a pas sceu penetrer les vrais fondements comme Newton qui a eu l'avantage de connoitre la mesure de la force centrifuge par les Theoremes que j'en ay donnèz’Ga naar voetnoot3). Newton lui-même fait mention des Théorèmes en question dans le Scholium qui suit la Prop. IV. | |||||||||
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Theor. IV. à la p. 43 de l'édition originale des ‘Philosophiae naturalis Principia mathematica’. On trouve dans les Manuscrits plusieurs calculs effectués par Huygens, après l'apparition des ‘Principia’ de Newton, sur la grandeur de la force centrifuge à la surface du soleil ou de la planète Jupiter, comparée à la grandeur de la gravité en ces lieux. Elles trouveront une place dans un des Tomes suivants. |
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