Oeuvres complètes. Tome VI. Correspondance 1666-1669

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N^o 1655.
Christiaan Huygens à [Ph. Doublet].
27 juillet 1668.

La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens.

A Paris ce 27 Juillet 1668.

Ie vous remercie du beau dessein¹⁾ de vostre calesche que j'ay attendu patiemment devant que vouloir faire entreprendre le changement de la mienne. Vous ne differez en guere de la fabrique qui est icy en usage. Car pour les glaces on les applique tout de mesme, horsmis celles a costè du siege, ou l'on n'en met point, parce qu'en cas de cheute il est dangereux d'en avoir en cet endroit. Vous placez mieux le corps de vostre calesche sur les brancars, en le faisant avancer vers le devant, car tant que l'on est assis plus pres du milieu entre les rouës de devant et derriere, tant plus on aura de douceur.

Ie ne vois pas bien pourquoy en attachant vos couroies aux arcs, cela remedie au tremblement, mais parce que l'experience vous l'a fait veoir, je l'imiteray sans l'examiner d'avantage.

Il y aura quelque peine a reformer ma chaise²⁾ qui n'estoit pas faite pour y entrer par les costez mais par devant, et n'avoit point de vitres. mais j'y ay pourtant trouvè moyen et y ay fait commencer des aujourdhuy. mon grand conseiller est un neveu de l'abbè Ciri nommè Bertholin, qui s'entend merveilleusement bien en chevaux et en architecture de Carosses calesches &c.

Le mot de Carioles a ce que j'ay pu comprendre ne s'applique qu'aux machines a deux rouës, comme sont les Crenanes³⁾ et celles qui ressemblent a la miene jusqu'icy.

L'invention nouvelle pour faciliter les voitures n'est autre chose que ce que j'ay mandè⁴⁾ à Mon Pere il y a longtemps, a scavoir des roulettes mises sous les aissieux contre les quelles ils tournent et par ce moien l'on oste en partie le frottement des roues contre l'aissieu, ce qui semble faciliter beaucoup la voiture sur un plancher ou terre bien unie, mais dans les chemins ordinaires et quand il faut monter et descendte, l'avantage ne peut estre que fort petit. Ces inventeurs en avoient obtenu le don du Roy, mais d'autres qui s'y sont opposez, ont fait voir que l'invention n'estoit pas a eux, ce qui l'a fait revoquer.

I'avois creu vous rendre compte de la feste de Versaille, mais je n'ay pas le loi-

1) Nous n'avons trouvé ni ce dessin, ni la lettre conductrice de Ph. Doublet, parmi nos collections. Consultez, sur cette calèche bleue de Ph. Doublet, la Lettre N^o. 1652.

2) Consultez la Lettre N^o. 1652.

3) Sur ces chaises de P. Perrier, consultez la Lettre N^o. 1578, note 15.

4) Nons ne possédons pas cette lettre de Chr. Huygens à son père, ni la minute. Consultez pourtant la Lettre N^o. 1619, à Ph. Doublet.

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sir, et l'imprimè⁵⁾, qu'on nous avoit promis pour lundy passè, ne paroit pas encore. Le feu d'artifice estoit ce que j'y trouvay de plus beau, n'ayant jamais veu une telle quantitè de fusees remplir l'air en mesme temps. La Comedie de Moliere⁶⁾ dont le suject estoit le cocuage d'un paisan qui avoit espousè une damoiselle, estoit faite fort a la haste et peu de chose, mais la sale⁷⁾ et le theatre fort beaux, comme aussi les 2 autres salles en octogone faites de charpenterie et ornees de feuillage, festons de fleurs, peinture, fontaines, l'une pour le festin, l'autre pour le bal. elles estoient grandes de 60 ou 70 pieds en diamètre, et fort exhaussees. tout estoit dans les allees du jardin. Il y avoit une si grande foule de gens, qu'a la comedie le Roy mesme eut de la peine a faire placer les dames, et il falut faire sortir pour cela quantitè d'hommes malgrè qu'ils en eussent. J'estois parti des les 5 heures du matin et ne revins que le lendemain a 7 heures, ayant souffert grand chaud et grand froid dans une mesme nuict, point dormy, et mangè a la haste. de sorte que la fatigue ne fut pas petite, mais la consolation estoit que tout le monde souffroit de mesme.

5) Relation de la seste de Versailles du dix huitieme juillet mil six cens soixante huit. Par Felibien, Paris. le Petit. 1668. in-4^o.
l'Auteur est:
André Félibien, seigneur des Avaux et de Javersy, né à Chartres en mai 1619 et mort à Paris le 11 juin 1695. Il alla en 1647 à Rome, comme secrétaire de l'ambassadeur, marquis de Mareuil. De retour à Chartres, il se maria et vint habiter Paris. En 1666 il devint Historiographe des Bâtimens, en 1671 secrétaire de l'Académie d'Architecture, en 1673 garde du cabinet des antiques. Il a laissé quantité d'ouvrages.

6) George Dandin, ou le Mary Confondu, Comedie, Par J.B.P. de Moliere, Representée pour la premiere fois pour le Roy, à Verfailles le 18. de juillet 1668 & depuis donné au Public à Paris, sur le Theâtre du Palais Royal, le 9. de Novembre de la mesme année 1668. Par la Troupe du Roy. in-8^o.

7) La comédie de Moliére fut jouée après la collation et avant le souper, sun un théâtre dressé tout exprès dans une salle de verdure sous la direction du célèbre machiniste italien Vigarini.