Briefwisseling. Deel 6: 1663-1687
(1917)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend6788. S. Chieze. (L.B.)aant.Si mon journal valoit le port, vous y verriez par le menu que jamais ministre estranger n'a tant tourmenté, que je fais, ceux de cette Couronne, sans pourtant sortir des formes. Ainsy apres avoir donné quelques jours de respit à M.r le marquis de la Fuente, je le reduisis Dimanche 22e du mois passé d'entrer en matiere. Cella se passa pourtant encor en preliminaire par la restitution qu'il me fit des papiers que je luy avois remis dez le commencement, et comme je voulois l'engager à faire luy mesme, ou souffrir du moins que je fisse en sa presence le calcul des sommes contenues au traitté de l'an 1651 au regard de l'equivalant du marquisat de Berg op Zom, il trouva à propos que je le fisse à mon logis et que je [le] luy renvoya. Cependant, comme ce que vous m'aviez marqué en passant dans vostre precedente du 15e Janvier au regard des executions Isenguiennes, m'alloit par la teste, et me faisoit apprehender quelque asseurance que M.r de Beverning m'eut donné du contraire, qu'il n'y eut quelque nouvelle opposition aux derniers ordres de M.r le comte de Monterey, je voulus pressentir si M.r le marquis de la Fuente en scauroit | |
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quelque chose, et sur le recit que je luy fis du relief et revision que S.A. avoit demandé aux Pays bas, luy ayant dit qu'il estoit maintenant de justice que S.M. accordat un ordre positif pour empescher toute sorte de surprise du costé de Mad. d'Isenguien pendant la revision, il me proposa de presenter un nouveau memorial à S.M., à quoy je fis semblant de resister, luy disant que je n'avois garde d'importuner de nouveau S.M. pour une chose ou elle m'avoit faire dire par S.E.ce que S.A. n'avoit plus rien à craindre, et que je devois estre en repos. Sur quoy ledit marquis avec un signe de teste m'ayant repliqué que j'eus à donner un memorial, je fis dresser celluy dont je vous envoye copieGa naar voetnoot1), ou tres obligeamment mon commissaire me fit adjouster ce que vous verrez en marge, à la place de ce qui est royé, disant que pour le service de S.A. il vouloit de muy buena gana estre mon correcteur, y estando muy en la materia añadir ciertas palabras essenciales. Ce qui me fait connoistre que sous pretexte de la revision intentée par S.A., ladite comtesse a envoyé faire de nouvelles plaintes en cette cour, ou elle a de bons amis. Je fis rapporter le 1r de ce mois ce memorial à mon commissaire avec le memoire et calcul que j'avois dressé touchant les pretensions de S.A. en vertu du traitté de l'an 1651. Je verray Dimanche prochain, jour de noz conferences, ce que ledit marquis aura à me dire la dessus. Cependant comme la bonté qu'il a eu de vouloir corriger mon memorial est une faveur peu commune en cette cour, et qu'il me tesmoigne de tres bonnes volontez pour S.A., il n'y aura pas de danger d'en faire compliment au comte de Molina. Et cependant il sera bon aussy de faire dire aux personnes qui sont à Bruxelles de la part de S.A. de me tenir adverty de ce qui s'y passe, affin que je puisse demander en saison les remedes dont on aura besoin d'icy. Tout ce que je fais ne sont que des simples dispositions à la bonne oeuvre qu'on doit attendre de M. de Beverning. Je vous marquay l'ordinaire dernier son arrivée, et l'incommodité dont il estoit travaillé qui l'avoit mis ces jours passez en meschant estat par le retour d'une colique qui me donnoit à craindre. Il y a trois jours qu'il a du relasche, et j'ay proffitté de cette intervalle pour luy moyenner par le ministre de Don Emanuel de Lyra, introducteur des ambassadeurs et designé resident de cette Couronne à la HayeGa naar voetnoot2), une audiance secrete sans cavalcade et autres accessoires peu convenables à l'humeur, à l'incommodité et aux pressantes affaires de ce ministre. Ce fut avanthyer matin qu'il fut à l'audiance du Roy et de la Reyne; cella est assez bien allé, d'aultant plus que par ce moyen il a sauvé environ dix mille francs, qu'il auroit necessairement esté obligé de mettre à un carosse de parade, dont suivant la coustume il faut que chasque ambassadeur repaisse les yeux du peuple de Madrid qui sur ce pied la applaudit à la ceremonie. Ses affaires faisoient chemin avant cela, la Reyne luy ayant donné M.r le connestableGa naar voetnoot3) pour commissaire. J'ay fait par escrit vostre compliment à M.r de Godolfin, le priant en mesme tems de voir M.r le comte de PeñerandaGa naar voetnoot4) pour qu'il appuye la demande que je fais dans mon dernier memorial; je vous marquoy l'ordinaire passé | |
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combien avantureusement ledit S.r de Godolfin avoit receu la lettre de S.A. Je ne vois pas venir celle qu'elle a pris la peine de m'escrire, mais cependant sur l'advis que vous me donnez d'une recharge pour des gantsGa naar voetnoot1) j'en ay esté commander une partie de Cordovan plus forte que la precedente, mais tousjours de la mesme couleur ou dorure à l'ambre blanc qui est la quintessence du parfum et le plus grand effet de l'art du Don Fulano de Casa nueva, parfumeur de S.M. Si S.A. en vouloit grande profusion, il y avoit mesnage du double à m'envoyer de l'ambre qui est icy fort cher et peu seur. Vous avez grande raison, Monsieur, d'estre d'avis que S.A. ne sorte pas du lieu ou elle est qu'apres y avoir veu establir irrevocablement ses affaires. Nous avons convenu avec M.r l'ambassadeur qu'apres le despart du courrier nous prendrions heure pour conferer à fondz des pretensions de S.A. et des expediens à propositions pour sa satisfaction. Je crois que nous trouverons quelque esclaircissement dans la lettre que je luy ay remise de la part de Mons.r de BeaumontGa naar voetnoot2). Je ne doute pas que ce ministre n'opere quelque chose de bon pour S.A., pourveu que ses incommoditez ne reviennent, mais en ce cas je crains que sa patience n'eschappe. Comme j'achevois cette lettre, M.r le marquis de la Fuente m'a envoyé son secretaire avec quelque advis salutaire pour confirmer le memoire que je luy avois envoyé à la diversité et genie des espritz de M.rs du Conseil d'Estat, auxquelz il doit le faire voir. Cette fineza qu'ils appellent icy est de la mesme trempe que la correction qu'il fit de mon dernier memorial. Je pense d'avoir trouvé d'ailleurs une voye seure pour apprendre tout ce qui se passe en mon affaire et avoir communication de toutes les consultes qui montent à la Reyne et des decretz qui en descendent; ce sont des petites consolations qui ne cousteront que tres peu de chose. - Pour avoir esté obligé de faire differentes copies de mon memorial tenu pour envoyer à M.r de Buysero, et pour n'avoir pas le tems d'en reffaire une autre, je vous envoye l'original mesmeGa naar voetnoot3) que mon commissaire voulut corriger, sur quoy je demeure
Su criado mas rendido. Madrid, le 4 Mars 1671.
M.r de Godolfin est venu chez moy pour me faire scavoir qu'il avoit receu nouvel ordre de S.M. d'agir autant que je le desirerois aux affaires de S.A. Je luy ay pris au mot, en le priant de voir demain M.r le comte de Peñeranda, puisque ces jours passez, comme à ma priere il commençoit d'entretenir ce ministre touchant les raisons que nous avons maintenant pour obtenir un ordre positif de surceance aux executions de la comtesse, il fut interrompu par le p[rince] de ParmeGa naar voetnoot4). - J'aurois voulu mettre cet envoyé en termes de se voir avec M.r de Beverning, mais la pretension que les envoyez ont d'avoir la main chez les ambassadeurs et l'opiniastreté de ceux cy à ne le leur pas accorder nuyt extremement aux interetz communs des maistres. - Voicy une lettre que l'ambassadeur escrit à S.A.S. |
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