passent des vacances en Australie. La révolte pour le moins naïve qui anime Tony, bluffeur louftingue, vient téléscoper le sens plus développé des réalités dont témoigne Andreeke, lui qui a déjà appris à ses dépens ce qu'est la vie. Leur tentative pour le moins maladroite de faire, en dernier recours, un casse dans une banque connaît un dénouement plus grotesque que dramatique. Ironie, sarcasme et humour absurde viennent adoucir le côté immoral que revêt le comportement des deux personnages principaux. Le thème du film est en fait le mécontentement que certains jeunes éprouvent à se sentir obligés de vivre et de se débrouiller dans une société de consommation à leurs yeux superflue. En d'autres mots, aussi bien le livre que son adaptation cinématographique nous donnent une image prégnante de la génération des angry young men de la fin des années 80.
Ce film à petit budget - environ 40 millions de FB (6,5 millions de FF) -, repose essentiellement sur les dialogues caustiques et absurdes qu'échangent les deux personnages dans leur dialecte anversois. Stany Crets et Peter van den Begin, que l'on connaît déjà pour le talent qu'ils ont déployé au sein de la troupe de théâtre De Blauwe Maandag Cie, portent à vrai dire le film sur leurs épaules.
Professionnel de l'industrie cinématographique, Verheyen a pleinement conscience des limites qu'une région linguistique de taille modeste représente pour la production et la distribution. C'est la raison pour laquelle il donne la préférence à des films à petit budget, seule solution en Flandre, comme aux Pays-Bas et comme d'ailleurs dans le reste de l'Europe,
Stany Crets (à gauche) et Peter van den Begin (à droite) dans ‘Alles moet weg’ (Tout doit disparaître).
pour espérer continuer à travailler. Certes, sa dernière création n'a pas les qualités filmiques du
Manneken Pis de Frank van Passel que tout le monde a applaudi. Le roman de Tom Lanoye, devenu entre-temps livre culte, méritait sans doute mieux. Il n'en reste pas moins que nous avons là une adaptation - à ce jour la plus importante réalisation de Verheyen - qu'il faut voir ne serait-ce que pour la performance sans pareille des acteurs.
Wim de Poorter
(Tr. D. Cunin)