Ons Erfdeel. Jaargang 14
(1970-1971)– [tijdschrift] Ons Erfdeel– Auteursrechtelijk beschermd
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un centre culturel unique
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Frits Lugt, protector artis.L'épithète latine rend assez exactement compte du rare complexe de qualités d'amateur, de connaisseur, d'historien, de collectionneur, de présentateur d'art ancien qui se trouvent réunies en la personne de Frits Lugt. Du fait d'une inexorable nécessité intérieure, cet homme éminent, en l'absence d'une sanction académique de ses études d'autodidacte, allait par deux fois décliner l'offre d'une élévation au grade de docteur ‘honoris causa’ d'une université néerlandaise.
Protector artis, donc, pendant de nombreux lustres. Comment résister à la tentation de rapprocher du solide vieillard que hier encore nous voyions à l'ouvrage le petit garçon qu'il fut et qui, dès sa huitième année, inventoriant sur un carnet les objets qui se trouvaient dans sa chambre, écrivait courageusement sur la couverture: ‘Catalogue du Musée Lugtius’? Sans s'en douter, ces quelques mots tracés au crayon définissaient par avance la ligne qu'allait suivre sa vie entière et au cours de laquelle le no. ‘petite fille au bras cassé’ deviendrait un tableau du ‘Maître de 1540’; les échantillons minéralogiques et les coquillages, des dessins de Watteau et de Boucher; le clou rouillé provenant de l'hivernage de Barentsz à la Nouvelle Zemble (cadeau d'un oncle à l'imagination fertile), tel autographe d'Erasme, de Michel-Ange, de Rembrandt. Ceux-ci, soit dit en passant, authentiques.
Le modeste et puéril Catalogue du Musée Lugtius devait se transformer lui-même, à l'âge mûr de son auteur, en un monumental ‘Répertoire des catalogues de ventes publiques intéressant l'art | |
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et la curiosité’, document indispensable à celui qui entend étudier l'évolution naturelle du marché des oeuvres d'art.
Avec le recul nécessaire, à la mort de Frits Lugt on est enclin à écrire qu'il était dans l'ordre des choses que l'homme, ordonné, méticuleux, calculateur, allait un jour ou l'autre s'atteler à une tâche comme celle que je viens de décrire, naturellement, facilement.
Mais ‘facile’ ce n'est sans doute pas le sentiment éprouvé par le garçon de douze ans qui, se présentant au cabinet d'estampes du Rijksmuseum d'Amsterdam, y constate que cette riche collection ne possède pas de catalogue. Alors, des années durant, tous les mercredis et samedis après-midi, le jeune Frits Lugt, dans la salle d'études du musée, s'efforce de combler cette lacune et de dresser ce catalogue selon toutes les règles de l'art et du jeu.
Bien des années plus tard, il établira l'Inventaire général des dessins des écoles du Nord du musée du Louvre dont le sixième tome parut juste un an avant sa mort.
Ce chaleureux élan, cette passion, cette ferveur marqueront toutes les tâches entreprises par lui. Et pourtant ces termes conviennent mal à l'impression physique que dégagaient l'apparence corporelle et le comportement de ce Néerlandais typique, aux allures flegmatiques, de ce grand rouquin froid et soigné, calme et pondéré, cérémonieux et poli auquel on s'adressait avec une crainte respectueuse.
Il avait entrepris un travail généreux sous le titre de ‘Marques de collections de dessins et d'estampes’. Il s'agit d'un ouvrage monumental en deux tomesGa naar eind(1) où l'érudit et l'amateur se confondant en une seule et même personne relève les marques des collections particulières et publiques des marchands, imprimeurs, monteurs. On y trouve en outre les cachets de ventes des artistes décédés, les marques de graveurs apposées après le tirage des planches, les timbres d'éditions. Le tout fourmille de notices historiques sur les collectionneurs, les ventes, les marchands et les éditeurs, les dates de transfert. Le premier tome seul reproduit 3.036 marques. L'historien d'art Frits Lugt venait de créer un instrument qui, dans l'exercice de sa mission, lui avait fait défaut. Lorsqu'il créa l'Institut Néerlandais de Paris, il obéissait indiscutablement aux mêmes préoccupations: combler une lacune en fournissant aux autres le cadre dans lequel il avait besoin lui-même d'évoluer.
D'autres ouvrages de Frits Lugt paraissent au cours des ans comme les ‘Wandelingen met Rembrandt in en om Amsterdam’. Il était un familier du Maître et sa propre collection de dessins comporte une trentaine de feuilles magistrales de l'artiste et pratiquement la totalité de l'oeuvre gravé. A l'âge de quinze ans, il avait déjà enrichi (pour le prix de trois florins, il est vrai) le modeste musée Lugtius d'une eau-forte de Rembrandt.
Bien que l'on soit rarement bon prophète en son pays et encore plus rarement au sein de sa famille, les qualités évidentes du jeune Lugt avaient convaincu son père, ingénieur à Amsterdam, qu'il devait lui permettre de quitter l'école pour entrer dans la maison de ventes de tableaux de Frederik Muller. Lorqu'en 1903 la firme organisa au Musée municipal une exposition d'oeuvres de Van Goyen, cette dernière fut présentée aux visiteurs en ces termes: ‘Le présent catalogue avec l'introduction et la notice biographique est de la main de notre ami Frits Lugt qui a tant contribué au succès de | |
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Institut Néerlandais à Paris, 121, rue de Lille.
cette exposition’. L'ami Frits Lugt, avec l'enthousiasme de ses dixneuf ans, écrivait avec une naïve simplicité: ‘Mille fois merci. Van Goyen, de nous avoir appris à si bien apprécier notre cher pays hollandais’. C'est ainsi que l'amateur et l'historien autodidacte fut l'un des premiers à reconnaître et à assurer la renommée d'un peintre dont la valeur (artistique et marchande) ne devait être reconnue généralement que beaucoup plus tard. Il en alla d'ailleurs de même pour ce qui concerne Jongkind auquel Frits Lugt consacra un article dans ‘Onze Kunst’ (1904) à la faveur d'une exposition de ses oeuvres à Amsterdam. La première exposition organisée par l'Institut Néerlandais, qui va suivre la mort de Frits Lugt survenue le 15 juillet dernier, sera précisément consacrée à un choix d'aquarelles de Jongkind. Dès 1921, le collectionneur, âgé alors de trente-sept ans, pouvait s'enorgueillir déjà de quelques centaines de dessins, eaux-fortes, tableaux et d'un bel ensemble de livres d'art. La collection actuelle est riche de quelque quatre-vingt-dix mille pièces.
Voici comment en 1950, à l'occasion des soixante-cinq ans de Frits Lugt, F. Hennus a caractérisé la vie et l'oeuvre du futur fondateur de l'Institut NéerlandaisGa naar eind(2): ‘A cet écrivain de livres d'art... les mouvements passionnés de l'âme ne furent pas étrangers. Il est habité par une curiosité passionnée, un désir de collectionneur passionné, une assiduité passionnée, et, quand il s'indigne, ce n'est pas toujours sans une certaine volupté’... constatation dont on trouve la confirmation en lisant les écrits polémisants de Lugt, où on le voit qualifier certaines autorités de l'histoire de l'art d'‘esprits scientifiques dégénérant en esprits encyclopédiques, et qui, le plus souvent, se montrent incapables de s'ouvrir, avec la réceptivité nécessaire, à la confidence intime que sont toujours prêtes à nous faire entendre les véritables oeuvres d'art’ ou encore, lorsqu'on le voit ‘se demander ce qu'est devenu, chez de nombreux historiens d'art, le simple esprit d'observation’; ou, venant conclure un article, cette froide observation: ‘Pour juger une oeuvre d'art, le savoir est une indispensable condition, mais c'est le sentiment qui reste la première et la plus importante’. Enfin, dans une lettre écrite au cours d'un voyage d'études en Italie, in constate: ‘Lorsque contemplant une oeuvre d'art, on a eu le sentiment de se trouver en compagnie | |
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du maître, de le regarder au fond des yeux, alors, je crois, le premier pas a été fait sur la route au bout de laquelle on devient un connaisseur’. Le véritable ‘goût’ ne saurait en somme appartenir qu'à celui qui, avec tous ses sens, sait goûter l'artiste et son oeuvre.
Ainsi qu'il ressort de ces quelques citations, cet autodidacte, manifestement, n'avait aucune disposition pour le conformisme académique. Il estimait, en effet, que la meilleure école des ‘spécialistes’ est la pratique de la vie avec et au milieu des oeuvres d'art. ‘Si seulement, s'exclama-t-il, non sans naïveté ni humour, les érudits pouvaient savoir quelles délices on peut tirer du commerce international des objets d'art!’ Frits Lugt, écrit Hennus, ‘savait où se trouvaient les pièces convoitées, d'où elles provenaient, quels en avaient été les prix successifs; non seulement il connaissait par coeur les adresses de leurs propriétaires, mais souvent aussi leurs projets’. Il avait l'avantage ‘de pouvoir faire une profession de ce qui, pour beaucoup d'autres, était un passe-temos’, et ‘parmi les amateurs, c'est néanmoins au professionnel qu'il faisait le plus penser’. Dans ce tournoi ‘open’ entre professionnels et amateurs, le collectionneur distribuait les rôles. Avant de compléter sa collection, il avait constitué une bibliothèque d'ouvrages d'art qui allait devenir la meilleure bibliothèque privée néerlandaise en ce domaine. Le Rijksbureau voor Kunsthistorische Documentatie de La Haye en reçut la part de lion, l'Institut Néerlandais abrite les éditions originales les plus précieuses. Voilà l'homme qui, pour assurer la pérennité de sa collection, allait créer une fondation privée originale appelée Fondation Custodia, destinée à devenir aussi bien l'instrument de conservation que le levier de développement de ce vaste ensemble d'oeuvres d'art réuni avec un goût inné de l'objet et une science en constante progression, une fondation prévue pour lui survivre et progresser audelà de la mort. C'est avec la Fondation Custodia que le gouvernement des Pays-Bas s'associa pour exploiter en commun l'Institut Néerlandais de Paris, dont Frits Lugt allait assumer la présidence et dont je fus appelé à diriger les activités. Nous étions en 1957. A l'époque, Monsieur Lugt avait déjà soixante-treize ans. Or, à cet âge avancé, il allait vivre, avec sa femme, disparue l'année dernière, une aventure unique où la collection, le sens de l'hospitalité, la maison de la rue de Lille, les conférences, les concerts, les expositions, les rencontres, la bibliothèque, les visites guidées seraient les atouts d'un jeu merveilleux. Ils ont été tous deux de juvéniles animateurs, au sens moderne du mot. | |
Une collection dans un foyer approprié.L'idée de créer une maison néerlandaise à Paris a couvé longtemps dans l'esprit de Frits Lugt. Après l'inauguration dans les années d'avant la dernière guerre de la Maison Descartes à Amsterdam, le désir d'ouvrir à Paris un centre néerlandais de cet ordre devint de plus en plus vif. Frits Lugt, attaché à la conservation du Louvre depuis 1922 et fixé en France depuis 1932 était sur le point d'acquérir un vaste hôtel à Paris dans ce but lorsqu'éclata la guerre de 1939.
Aussitôt la paix revenue, l'idée fut reprise et elle trouva cette fois un point de départ qui semblait devoir permettre une solution rapide et efficace. L'Ambassade de France à La Haye ayant été com- | |
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plètement détruite par un bombardement, M. Lugt offrit à l'Ambassadeur un bel hôtel du XVIIIe siècle situé sur le Vivier et lui appartenant, en échange d'un hôtel similaire à Paris qui pourrait être le siège de l'attaché culturel que les Pays-Bas se proposaient de nommer en France. Cet hôtel abriterait les collections et la bibliothèque de Monsieur et Madame Lugt. Cette opération qui pouvait être menée pour ainsi dire à bourses fermées fut agréée avec enthousiasme de part et d'autre. Mais l'enthousiasme n'est pas du ressort des bureaux ministériels. L'administration ne connaît pas - et c'est inéluctablement une force, mais combien décevante - les solutions faciles, allant de soi. Pendant huit ans de pourparlers, on passa en revue les hôtels disponibles et chaque fois l'accord d'échange échoua. Tableau fascinant et triste que ces noms de maisons historiques signalées à la vente, occupées l'une après
Bibliothèque de l'Institut Néerlandais à Paris.
l'autre par des services officiels, et que Frits Lugt aurait aimé recevoir en contrepartie de son bien haguenois.
En 1948, l'échange échoua de fort peu. L'hôtel de Cavoye, 52 rue des Saints-Pères, autrefois résidence de Grotius comme Ambassadeur de Christine de Suède, pouvait être acquis par le gouvernement français pour un prix abordable grâce à la compréhension de la propriétaire américaine. L'Assemblée Nationale vota les crédits pour l'achat de la maison, mais quelques semaines plus tard le ministre compétent - qui avait recommandé l'achat comme rapporteur à la Chambre - bloqua les crédits immobiliers, dont ceux affectés à l'échange proposé. Frits Lugt, après cet échec stupéfiant, repartit de plus belle à la recherche de son oasis néerlandaise de Paris. Enfin, après s'être rendu à l'évidence, après dix échecs cruels, qu'il ne pouvait arriver à ses fins par la voie d'un échange de propriétés avec l'aide trop impersonnelle des pouvoirs publics, il décida d'agir seul. L'occasion se présenta en 1953 lorsque la famille de La Rochefoucauld d'Estissac mit en vente son grand immeuble du 121 rue de Lille. Sans attendre les estimations officielles, l'inspection et le jugement des fonctionnaires, ainsi que l'ouverture | |
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aléatoire de crédits, il fit l'acquisition pour le compte de sa Fondation Custodia de l'important ensemble constitué par un grand immeuble d'habitation et d'une demeure dite Hôtel Turgot qu'il se mit aussitôt en devoir de restaurer.
C'est à cette époque que la Fondation Custodia montra son caractère original. En plein accord avec sa femme et avec le consentement de ses quatre enfants, Monsieur Lugt avait fait de Custodia la gardienne de ses collections artistiques et la propriétaire des immeubles, tout en lui fournissant le fonds destiné à leur entretien et fonctionnement. Le caractère de cette institution, créée par le couple après la guerre, a été fortement marqué par les observations faites par les Lugt dans différents pays. Ils ont constaté que les libéralités irréfléchies avaient des conséquences tragiques. Les legs de collections périssent souvent dans un froid tombeau, les petits musées s'étiolent, les bibliothèques ne sont pas tenues à jour, les immeubles périclitent. Sur la base originale de la Fondation Custodia peut s'articuler en souplesse une organisation moderne où la vitalité est contrôlée et si nécessaire encouragée par un Conseil d'administration dont l'esprit d'initiative peut demeurer constant grâce au choix des personnalités qui en font partie.
La mort de Monsieur et Madame Lugt n'a en rien modifié la structure de la Fondation Custodia. Elle continuera à animer la collection et à assurer l'entretien et l'adaptation aux besoins mouvants des immeubles qu'elle possède. Parmi ceux-ci, l'Institut Néerlandais qu'elle exploite pour le meilleur et pour le pire en étroite coopération avec le gouvernement des Pays-Bas. | |
Au service de la culture néerlandaise.Inauguré le 11 janvier 1957 par le prince Bernhard en présence du président Coty, l'Institut Néerlandais a organisé depuis cette date une centaine d'expositions et un millier de manifestations diverses: concerts, conférences, projections cinématographiques, rencontres, réunions, soirées d'accueil et d'animation, cours de néerlandais, leçons musicales, visites individuelles et collectives, etc. Ses prestations de service sont nombreuses et variées: travaux de bibliothèque et de recherche, traductions, conseils, orientation, hébergement de savants, d'artistes, d'étudiants néerlandais...
L'esprit de synthèse que l'on trouve dans l'accord culturel signé entre la France et les Pays-Bas encourage la confrontation des travaux dans les disciplines anciennes et modernes, donne pouvoir et souvent les moyens aux jeunes talents de s'extérioriser, défend les valeurs capitales de notre civilisation et fonde sur les échanges intellectuels et artistiques l'espoir de la jeunesse d'aujourd'hui. Dans cet esprit, l'Institut Néerlandais oeuvre depuis treize ans. Le jour de l'inauguration, M. Joseph Cals, alors ministre de l'Enseignement, des Arts et des Sciences, avait déclaré en s'adressant à son collègue français également présent: ‘Non seulement nous sommes, vous et moi, responsables, dans nos pays respectifs, de l'éducation nationale et, plus particulièrement, d'une réforme radicale de l'enseignement réclamée par la société actuelle, mais nous sommes en outre conviés à exercer, au milieu et au nom de cette société turbulente, le rôle de mécène officiel et démocratique. Sans doute sont-ce ces deux préoccupations qui vous ont inspiré de venir ici, et je vous en suis très sincèrement reconnaissant. Le patrimoine culturel néerlandais, qui doit tant à l'apport spirituel de plusieurs | |
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Petite salle pour conférences et concerts de l'Institut Néerlandais à Paris.
autres peuples, possède une physionomie propre, caractéristique, facilement reconnaissable. Il n'est pas sans intérêt, ni sans risques d'ailleurs, de présenter les trésors de ce patrimoine à celui de ces peuples qui a le plus contribué à sa formation. J'aime à croire que l'Institut Néerlandais se montrera pleinement capable de remplir sa haute mission au coeur même du peuple ami, cela grâce aussi aux conseils et activités du comité de patronage qui, en majeure partie, et nous en sommes très flattés, se compose de personnalités françaises.’
La composition de la direction de l'Institut Néerlandais est à la fois simple et complexe. Elle est à l'image de ses statuts et des rapports qu'elle entretient avec la Fondation Custodia et le gouvernement des Pays-Bas. Six personnalités siègent au Conseil de l'Institut Néerlandais, fondation reconnue d'utilité publique; trois sont nommées par le gouvernement néerlandais, trois par la fondation Custodia. Le Conseil délègue à son vice-président la responsabilité d'assurer la bonne marche du Centre culturel, d'en établir le programme d'activité, de veiller aux contacts avec les autorités des deux pays, de recevoir les visiteurs et d'accueillir les hôtes. Le fonctionnaire chargé de cette mission est à la fois le conseiller culturel de l'Ambassade des Pays-Bas et le directeur de l'Institut Néerlandais. Il est nommé par le gouvernement des Pays-Bas, comme les autres membres représentant ce dernier, chaque fois pour une période de deux ans. La fondation Custodia agit de même à l'égard de ses représentants au conseil. Celui-ci se réunit au moins six fois par an, arrête les comptes, établit le budget, approuve les activités et reçoit le rapport moral et financier de chaque exercice. Le gouvernement des Pays-Bas prend à son compte la moitié des dépenses approuvées dans le cadre du budget, la fondation privée se charge de l'autre moitié.
Les services culturels de l'Ambassade ont leur siège à l'Institut Néerlandais où le conseiller culturel et sa famille disposent d'un appartement de fonctions.
Ainsi équipé sur le plan intellectuel et administratif, le Centre cul- | |
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turel néerlandais est tout entier orienté vers le monde extérieur. Il désire défendre l'identité propre de la culture néerlandaise et, dans ce but, il fait appel à tous ceux qui peuvent l'aider dans sa mission, qu'ils soient de nationalité néerlandaise, belge ou française. Pas une discipline n'est oubljée. Les conférences ont trait aussi bien à l'archéologie qu'aux Beaux-Arts, au droit qu'à l'histoire, à la littérature qu'à la musique, à la pédagogie qu'à la philosophie, à la théologie qu'à la politique, à l'économie qu'aux sciences et aux techniques, à la culture qu'à l'éducation permanente, aux sciences humaines qu'aux loisirs. Les soirées sont animées par des discussions. Les concerts ont un caractère de confrontation, l'accent est mis de plus en plus sur la musique moderne et sur les motivations de l'action artistique.
Enfin, dans la mesure du possible, l'Institut Néerlandais accorde son concours à la radio et à la télévision, aux associations et organismes culturels désireux de reprendre une part de son programme. Il sert volontiers d'intermédiaire pour faire publier les causeries par des revues professionnelles et diffuser les concerts par l'ORTF. Des résultats notables ont été enregistrés au cours des treize années d'existence.
Dans le domaine des expositions il y a l'embarras du choix si l'on veut faire appel aux collections artistiques entreposées à l'Institut Néerlandais. A maintes reprises, il en fut ainsi et il n'est pas douteux que ces expositions firent beaucoup pour la renommée du centre culturel. Toutefois, on compte en plus 300 prêteurs d'oeuvres d'art (tableaux, dessins, objets, etc.) ayant bien voulu participer à ces nombreuses manifestations de qualité. Bien que les chiffres soient trompeurs, on peut mentionner que des oeuvres de plus de 500 artistes ont été exposées, que 300 compositeurs ont été interprétés par 500 exécutants, la plupart jouant en solistes. Quant à la bibliothèque, elle comprend 15.000 volumes accessibles à ceux que les relations entre le monde français et néerlandais intéressent.
Tout va donc pour le mieux au sein de cette petite communauté culturelle néerlandaise à Paris. Le public vient nombreux, les marques de chaleureuse sympathie ne font pas défaut, le directeur est invité par ‘Ons Erfdeel’ à faire rapport sur ses activités. Je l'ai dit en commençant: j'ignore les ombres au tableau. Mais disons néanmoins pour finir qu'un centre culturel comme l'Institut Néerlandais ne peut être autre chose qu'un instrument de mesure de la valeur culturelle nationale, un lieu où peut s'exprimer la présence du génie d'invention et de création de la communauté néerlandaise, à la rigueur, un comptoir où s'étalent les échantillons de la recherche et de l'expérimentation des couches intellectuelles et artistiques. Déborder de ce cadre serait fausser le caractère de la civilisation néerlandaise. Il faut se méfier de l'esprit de laboratoire dans les échanges culturels. La promotion de la culture néerlandaise reste le souci majeur de l'Institut Néerlandais tout comme la défense et l'illustration de son identité propre, dans une Europe qui tend fort heureusement à s'unir. C'est de la réussite de cette mission culturelle, dans le cadre ou en dehors de l'Institut Néerlandais, que dépend la résonance que trouvera l'esprit créatif des Pays-Bas. |